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121 Le comte PIERRE KORNILOWITCH SOUKHTELEN (van Soukhtelen), J751—1856, naquit a Grave, en Hollande, fit ses etudes a l’universite de Groningue, ou il passa les examens de sortie de la faculte mathematique en 1767, puis entra au service militaire comme ingenieur. H etait lieutenant-colonel, lorsqu’en raison de ses talents d’ingenieur militaire, on le fit venir en Russie, sur la proposition du comte Morkoff, et il entra avec le meme grade au Corps des Ingenieurs. L’annee suivante, il fut charge par l’imperatrice Catherine II d’elaborer un projet de canal entre la Kama et la Dvina pour unir la mer Caspienne a la mer Blanche. Pendant la guerre de Suede de 1787 —1789, il accomplit, d’abord comme chef de l’etat-major du genie, puis a la tete d’un corps de troupes, une serie d’exploits sur le champ de bataille, qui lui valurent la croix de St-Georges de 4e classe et le grade de general-major. Sous Paul Ier, il fut mis a la tete du genie de la forteresse de Kieff, et, en 1794, promu general du genie. A l’avenement d’Alexandre Ier, il fut nomme quartier-maitre general et inspecteur du departement du genie et fit la campagne de 1805 aux cotes de l’Empereur. En 1808, il prit part a l’expedition de Suede et, en 1809, fut charge d’une mission diplomatique a la cour de Suede, ou il resta pendant la Guerre Patriotique. H y lit preuve d’un rare talent de diplomate, et travailla avec succes au rapprochement de la Russie avec la Suede, rapprochement qui exerca une influence decisive sur l’issue de la guerre. En recompense de ses services, l’Empereur Alexandre l’eleva, le 6 septembre 1812r a la dignite de baron, et. le 21 janvier 1822, a celle de comte du Grand-Duche de Finlande. En 1826, Nicolas Ier le fit chevalier de St-Andre. Soukhtelen laissa la reputation d’un technicien distingue, et l’art de l’ingenieur en Russie lui est beaucoup redevable; il fut l’auteur du „Systeme Soukhtelen“, celebre a l’epoque, et dressa la carte detaillee connue sous le nom de „Carte en cent feuilles de l’Empire de Russie“. Comme homme et comme savant, Soukhtelen etait un exemple peu commun d’une immense erudition jointe a la modestie et a la tolerance qui caracterisent le vrai savant, et qu’il possedait au supreme degre. Wiegel fait de lui le portrait suivant: „Cet homme etait d’un savoir terrible, mais si modeste, qu’il ne songeait non seulement a en effrayer, mais meme a en etonner personne Connaissant tout, il etait dans la societe comme un ignorant, plein d’amabilite et de deference., et ne laissant rien percer de son erudition. Toutes les mathematiques, toutes les branches de la litterature, la philosophie, la theologie, tout lui etait egalement familier; en matiere d’art, il possedait un gout sur et delicat“. Dans les dernieres annees de sa vie, Soukhtelen habita le palais Michel, ou il avait un appartement a lui: l’ancienne salle du trone de l’Empereur Paul Ier etait occupee par son cabinet et sa bibliotheque, qui l’enfermait une immense collection de livres et de manuscrits d’une grande rarete, de monnaies, de medailles et de cartes. Le comte Soukhtelen mourut le 18 janvier 1856; il avait eu deux fils, le comte Paul, general aide de camp, qui etait mort trois ans avant lui, et le comte Constantin, ecuyer. (D’apres la miniature de Bossi (1802); collection du Grand-Duc Nicolas Mikhailowitch.)