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94 La comtesse AGRIPPINE FEODOROWNA ZAKREWSKY. 1800—1879, etait fdle du comte Theodore Andreewitch Tolstoi et de Stepanide Alexeewna, nee Dourassoff, la petite-fille du riche Miasnikoff. Fille unique, enfant cherie de sa grand’mere, qui etait vieille-croyante, elle fut gatee par son pere, un original capable de „donner l’exemple de toutes les sottises“; elle-meme adorait sa mere, qui sortait d’un milieu completement ignorant et superstitieux. Elle passa toute son enfance sans rien faire; jeune fille, elle ne fit que devorer des romans francais, pour lesquels elle avait une passion. D’une bonte sans bornes, avec son air capricieux et ses „frivoles eclats de rire“, „victime d’un reve epuisant“, elle souffrait ,,du vide angoissant de son ame“, et sa „gaite convulsive“ faisait vite place a des sanglots d’hysterie: „Comme Madeleine tu pleures, „Comme une RoussaUca tu ris“, disait d’elle le poete Baratynsky. Le 27 septembre 1818, elle epousa Zakrewsky avec ses 55 ans et sa secheresse pedante, sans porter dans son interieur „la tranquillite ni la prosperite“. Au bout de cinq ans, entrainee par „son anxieuse reverie“, elle alla a l’etranger se soigner, et on ne compta pas la revoir. „J’ai entendu dire“, dit Boulgakoff, „qu’a un bal, a Florence, le prince de Cobourg avait declare qu’il ne pouvait aller avec elle a Livourne; elle s’evanouit et eut sa crise habituelle“; quelques jours apres, elle rentrait---- En Finlande, elle accorda sa faveur aux jeunes fonctionnaires du service de son mari, mais son prefere fut le comte Armfeldt. Le 18 juillet 1826, elle eut sa fille unique Lydie. Ses entrainements continuaient sans fin et etaient aussi frequents que ses desenchantements etaient rapides; elle avait fait de Pouchkine son „confident“, et, „Devore du feu de l’amour, „Tete baissee, avec ferveur, il ecoutait ses „aveux“, et lui disait: „Mais treve de tous tes propos ! „Garde pour toi tes reveries: „J’ai peur de leur feu qui me gagne, „Peur de savoir ce que tu sais“. Le poete portait envie a l’heureux mortel „А qui ton amour se declare, „Dont le regard te tient captive“, et cet „heureux mortel“ c’etait (en 1828) un autre poete, Baratynsky. Vingt ans passerent: a Moscou, comme par le passe, la medisance s’acharnait apres elle: l'a encore, elle tenait rassemble autour d’elle un cercle de jeunes gens qui durent a sa protection pres du comte leur fortune de fonctionnaires; on lui attribuait les aventures les plus scabreuses, elle „n’avait aucun scrupule“- Tout Moscou allait s’amuser aux bals et aux spectacles qu’elle donnait a sa villa de Stoudenetz et dans son domaine d’Ivanowskoie, en Podolie, mais ses soirees de Moscou n’eurent aucun succes: „les dames de Moscou avaient des principes qui leur faisaient eviter sa societe“, ce qui, d’ailleurs, ne la touchait guere: „elle n’avait jamais de gout que pour la societe des hommes et ne savait pas faire la conversation aux dames“. „Delicate avec scs inferieurs, gracieuse pour tout le monde, faisant grand cas du moindre service, elle ne savait pas repousser une priere et ne pouvait voir de larmes; le trait dominant de son caractere, c’etait une bonte poussee jusqu’a la faiblesse“. Elle faisait la bienfaisance avec largesse, mais sans choix, voulant ne laisser personne de cote, et souvent aux depens de l’equite. Placee bien a propos pres du comte pour temperer ce qu’il avait d inaccessible et de terrible, elle fut le salut de bien des infortunes : il n’etait pas jusqu’aux vieux-croyants, alors en butte aux persecutions, auxquels elle n’eut fait trouver dans Zakrewsky un defenseur pres de Phila-rete meme. Apres la mort de son mari, elle passa l’ete 'a Livourne et le reste de l’annee a Florence, ou elle mourut en l’hiver de 1879. Elle fut inhumee pres de son mari, dans la sepulture de famille. Bien douce comme esprit, elle sut soumettre a sa faible volonte des hommes aux facultes superieures et au caractere ferme; mais elle avait des travers considerables, que compensait son excellent c?ur. (D’apres une miniature appartenant au comte D. Tolstoi, a St-Petersbourg.)