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91 La comtesse MARIE GRIGORIEWNA RAZOUMOWSKY, 1772—1865, fille du prince Gregoire Ivano-witch Viazemsky, conseiller d’etat, et de sa seconde femme, Mme Beklemicheff, naquit le 10 avril 1772; a peine sortie de l’enfance, elle fut mariee au jeune prince A. Golitzyne, surnomme „Cosa rara“, un cerveau brule qui eut vite fait de dissiper une immense fortune. Le mariage ne fut pas heureux; la jeune et belle princesse restait plongee dans la tristesse et la solitude et ne faisait qu’endosser les traites de son prodigue mari, en attendant la ruine complete. En 1801, l’Empereur Alexandre, lui refusant son entremise pour tenir en bride le mari et ses creanciers, lui disait en guise de consolation: „C’est l’impossibilite seule qui met des bornes a ma bienveillance a votre egard: si je me permets un jour de transgresser la loi, qui est-ce qui se croira oblige de lui obeir? Etre au-dessus d’elle, si je le pouvais, je ne le voudrais certes pas“... La princesse trouva un meilleur consolateur dans la personne du prince Leon Razoumowsky, qui sut se mettre au-dessus de la loi; excellente nature, d’une haute honorabilite, d’une societe agreable, „son c?ur sensible ne put resister en presence de sa gentillesse et de sa malheureuse position“; il fut entierement paye de retour. En 1802, la princesse l’epousa avec l’assentiment de son premier mari, qui ceda sa femme de bonne grace et resta en bonnes relations avec tous deux. La famille Razoumowsky n’etait pas contente, mais la jeune et charmante comtesse eut vite fait d’enchanter son vieux beau-pere; la societe de Moscou, avec la „Princesse Moustache“ en tete, condamnait impitoyablement son acte immoral, tout en continuant a venir aux bals et aux receptions de la femme du comte Leon a leur maison de la Tverskaia et a Petrowskoie-Razoumow-skoie: un jour enfin, en 1809, a un bal chez le commandant en chef de Moscou comte I. Goudowitch, l’Empereur lui-meme l’appela bien haut „comtesse“. Le mariage fut des lors reconnu par tout le monde et fut parfaitement heureux. En 1818, la comtesse perdit son mari, et „fut longtemps en proie a un sincere et profond chagrin“. Pendant la seconde et plus grande partie de sa longue vie, la comtesse resida tantot a Petersbourg, tantot a l’etranger, A Paris elle etait attiree par son faible particulier pour les parures et les couleurs voyantes que portaient alors les personnes d’age a l’etranger. On sait qu’elle voulut une fois entrer en Russie „une bagatelle“, rien que 500 costumes; pour le couronnement d’Alexandre II, elle avait alors 84 ans, elle fit expres le voyage de Paris pour acheter des toilettes. Avec son gout pour les distractions de toute sorte, pour les bals qu’elle organisait chez elle, elle etait loin de la prodigalite, et se montrait parfois meme interessee: elle fit cependant beaucoup de bien. Elle avait mis en viager son immense propriete de Karlowka, gouvernement de Poltava, et ce fut une operation fort avantageuse pour elle, en raison de l’age avance auquel elle parvint. La comtesse Razoumowsky mourut a Petersbourg le 9 aout 1865 et fut inhumee a Moscou, au monastere Donskoi. pres de son mari, auquel elle avait survecu de 47 ans. Au temoignage du prince Yiazemsky, „la comtesse etait aimee de tous, mais tous ne la connaissaient pas : c’etait une personnalite pleine de dxoiture et de franchise. Sous les reflets irises de la vie mondaine, sous l’attirail bariole des modes de Paris, la femme russe cache souvent des tresors de bonte, de bienfaisance et de charite“. Telle etait bien la comtesse Marie Razoumowsky. (D’apres une miniature appartenant a Mlle M. Yassiltchikoff, a Korallowo, gouv. de Moscou.)