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66 La princesse ANNE PETROWNA GAGARINE, 1777—1805, fille du senateur Pierre Yassiliewitch Lopoukhine et de sa premiere femme., nee Levschine, naquit le 8 novembre 17 7 7. Toute jeune encore elle perdit sa mere et fut elevee par la seconde femme de son pere, Catherine Nicolaiewna, nee Chetneff, personne de peu d’education et de reputation fort douteuse. Pas grande de taille et peu gracieuse, Mlle Lopoulchine n’etait pas une beaute dans le vrai sens du mot, mais elle avait une tete ravissante, une chevelure d un noir d’ebene avec un reflet bleuatre, de beaux yeux noirs pleins de feu, une bouche charmante avec des dents magnifiques et quelque chose de doux et de suave dans l’expression de toute sa figuie; la seule chose qui la gatait c’etait son nez malfait. L’apparition de M-lle Lopoukhine dans le monde de Moscou, en 1797, aux fetes du couronnement de l’Empereur Paul, lit sensation et attira sur elle l’attention de Paul. Ce fut assez pour que le comte Koutaissoff, favori de l’Empereur et a la tete d’un parti de la Cour qui cherchait a l’eloigner de Mlle Nelidoff et a diminuer l’influence de l’imperatrice sur son epoux, format le plan de mettre a profit l’impression que Mlle Lopoulchine semblait produire sur le Souverain. Tout fut mis en ?uvre pour que cette impression ne s’effacat point, et on persuada a l’Empereur que la jeune fille „etait folle de lui“· Koulaissow se chargea d’entrer en pourparlers avec Mme Lopoulchine et de transmettre a son mari l’invitation de venir s’etablir a Petersbourg, et sut amener cette delicate negociation a bonne fin malgre l’opposition de l’imperatrice. L’annee suivante, les Lopoulchine arriverent a Petersbourg et furent combles de marques de faveur. Mlle Lopoulchine fut prise a la Cour, sa belle-mere nommee dame d’honneur, et son pere recut la charge de procureur general. Le 19 janvier 17 99, il fut cree prince avec sa descendance et un mois apres recut le titre d’Altesse Serenissime avec un blason portant la devise „Blagodat“, traduction russe du nom hebreu Anna. Mlle Lopoulchine, grace a ses fonctions de demoiselle d’honneur du Palais, ne quittait plus la Cour, qu’elle devait suivre dans tous ses deplacements, et l’Empereur, qui trouvait de plus en plus de plaisir dans sa societe, pouvait la voir journellement. Loin de se plaire aux assiduites du Souverain, Mlle Lopoulchine ne tarda pas a lui avouer que son c?ur n’etait pas libre et qu’a son tour· elle etait aimee par le prince P. G Gagarine qui se trouvait en Italie avec l’armee de Souvorolf. Dans un elan de generosite chevaleresque, Paul le fit revenir immediatement a Petersbourg, l’eleva du rang de major a celui d’aide de camp general et donna son consentement au mariage avec Mlle Lopoukhine. La noce, souvent remise, ne fut celebree que six mois plus tard, le 8 fevrier 1800, en presence de l’Empereur et de toute la Cour-Rien ne changea pourtant ni dans les sentiments de l’Empereur pour la jeune femme ni dans sa maniere d’etre vis-a-vis du Souverain, ce qui occasionnait des scenes et des bouderies continuelles. Cette passion ne se dementit pas chez l’Empereur Paul jusqu’a sa mort: sincerement attache a la princesse Gagarine, il voyait en elle son unique amie et venait se delasser chez elle de ses travaux et des soucis qui le harcelaient. Son nom fut donne a des vaisseaux et brode sur les etendards de la Garde. A l’age de 25 ans, la princesse Gagarine possedait toutes les distinctions honorifiques auxquelles pouvaient aspirer les dames de la Cour de Russie, etant dame d’honneur et ayant la cocarde de l’ordre de Ste - Catherine de lre classe et la croix de l’ordre de St-Jean-de-Jerusalem qui n’avait ete conferee jusque-la parmi les dames qu’a la comtesse Litta, nee Engelhardt. Devant ce culte si manifestement proclame, la princesse Gagarine fit preuve d’un tact et d’une reserve qui attenuerent de beaucoup les difficultes de sa position a la Cour. Ne pouvant briller ni par son esprit, ni par sa culture, n’etant ni vaine, ni ambitieuse, la princesse Gagarine semblait plutot creee pour la vie de famille et se tenait loin des intrigues de la Cour ; on n’avait recours a son influence sur l’Empereur que lorsqu’il s’agissait d’obtenir quelque faveur ou le pardon de quelqu’un qui avait encouru la disgrace du Souverain. L'a meme elle employait des moyens de persuasion purement enfantins: c’est par des larmes et des bouderies qu’elle obtenait ce qu’elle desirait. A 1 avenement d Alexandre Ier, le prince Gagarine fut nomme ministre de Russie a la cour du roi de Sar-daigne ; sa femme le suivit en Italie ou ils passerent deux ans- Elle mourut de la phtisie a Yienne, le 25 avril 1805, a la suite de couches, a l’age de 28 ans seulement. Son corps fut enterre a Petersbourg a l’eglise Saint-Lazare, au monastere d’Alexandre Newsky. (D’apres une miniature appartenant a Th. A. Golovine, a Moscou.)