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52 La princesse CATHERINE ROMANOWNA DACHKOFF, 1743 —1810, fille du comte Romain Ilario-nowitch Worontzoff et de Marthe Ivanowna, nee Sourmine, naquit le 17 mars 1745 et eut pour parrain et marraine l’imperatrice Elisabeth et le Grand-Duc Pierre Feodorowitch. Elle perdit sa mere a l’age de 2 ans et ce fut le comte M. Worontzoff qui la recueillit et se chargea de son education. Cette education ,,'a la mode et toute de forme“, chez son oncle et avec sa fille unique, consista surtout dans l’etude des langues etrangeres et la danse. Mais la jeune Catherine, douee naturellement d’un grand esprit et de rares aptitudes, d’une vanite et d’une ambition sans bornes, sut combler par des lectures serieuses les lacunes de son instruction, et, a l’age de 15 ans, elle s’etait dej'a fait une reputation de savante, a laquelle elle etait fort sensible. Charmante par le piquant et le brillant de son esprit, ainsi que par une affabilite particuliere, la comtesse Worontzoff etait loin d’etre belle: petite de taille, vive, mais sans la moindre grace dans ses mouvements, avec son nez epate, ses grosses joues et ses vilaines dents, elle eut en outre le desavantage de paraitre toujours beaucoup plus que son age. Elle etait sujette a une exaltation particuliere, qui la rendait partiale dans ses jugements et l’exposait a des entrainements dans ses attachements et ses inimities; ,,les tumultueux instincts dont“, c’est son propre aveu, ,,sa nature n’etait pas exempte“ faisaient d’elle un despote insupportable: elle tenait a etre la premiere en tout, accablant ses proches et ses amis sous le poids ecrasant de la jalousie la plus effrenee. C’est a l’automne de 1758 qu’elle se rencontra pour la premiere fois avec Catherine, dont elle fut enthousiasmee et a laquelle elle s’attacha; mais en 1759, elle epousa le prince M. Dachkoff, partit pour Moscou, et resta 2 ans sans voir la Grande-Duchesse. De retour a Petersbourg, peu de temps avant la mort d’Elisabeth Petrowna, la princesse Dachkoff s’efforca de connaitre les plans de Catherine, mais celle-ci „avait peur de ses 19 ans et de ses liens de parente“; cependant elle continua a lui temoigner son amabilite: elle avait besoin et de son devouement et de ses liens de parente... Mme Dachkoff intrigua en faveur de Catherine, faisant l’affairee et se substituant, par l’importance qu’elle se donnait, aux veritables acteurs de la Revolution, lors de la reussite de laquelle elle crut serieusement que l’imperatrice lui devait son trone, et pensa avoir droit a sa gratitude exclusive. Elle recut le cordon de Ste-Catherine et 24.000 roubles, mais sans obtenir le premier rang pres de l’imperatrice: froissee, elle s’eloigna de la Cour, et encourut le mecontentement de Catherine grace a son „intemperance de langage“. La dignite meme de dame d’honneur qui lui fut conferee n’y lit rien: la rancuniere princesse ne put jamais se reconcilier avec les Orloff, auxquels etait echu le premier rang. Le 17 aout 1764, elle perdit son mari, et se fixa pour longtemps a l’etranger, pour l’education de ses enfants, son fils Paul et sa fille Anastasie. L'a, elle reussit mieux a satisfaire sa vanite: Diderot et Yoltaire la flatterent en l’accueillant comme amie de Catherine et auteur de la Revolution; les savants vanterent son amour pour l’instruction; Frederic-le-Grand lui-meme l’honora de sa conversation, tout en disant a Segur que, dans les evenements de 1762, elle n’avait ete que „la mouche vaniteuse du coche“. A l’etranger, elle devint membre de plusieurs societes savantes et academies; elle se fit la reputation de la femme la plus eclairee de son temps, de l’amie des philosophes, et a peine fut-elle de retour en Russie, que Catherine, sensible a tout ce qui se disait en Occident, la fit, en novembre 1782, directeur de l’Academie des Sciences et des Beaux-Arts. Mme Dachkoff elargit le cadre de l’Academie: c’est a elle qu’on doit la fondation d’une „Academie Russe“ speciale pour l’etude des „Lettres russes“. A l’avenement de l’Empereur Paul, elle se vit destituer de toutes ses fonctions et releguer en province, d’ou elle ne sortit qu’a l’avenement d’Alexandre Pavlowitch. A la Cour, elle excitait l’etonnement general par son excentricite, ses costumes et ses manieres de l’ancien temps: sa lesinerie bien connue et le gout pour les proces et les chicanes qu’elle devait a „son caractere insense“, comme dit Derjavine, lui attirerent l’inimitie generale. Mais des lors la princesse Dachkoff etait finie : ce n’etait, plus que le vestige d’un temps depuis longtemps passe. Elle mourut le 4 janvier 1810 et fut inhumee a l’eglise du village de Troitzky, gouv. de Moscou. Elle laissa sur sa vie des „Memoires“, qu’elle redigea 40 ans apres les evenements de 17 62, presque uniquement pour decrire son role dans la Revolution du 28 juin et se donner pour victime de la noire ingratitude des hommes. Quoi qu’il en soit, Mme Dachkoff fut une personnalite considerable du XYIII® siecle, et c’etait bien l’opinion des contemporains, dont les uns la portaient jusqu’aux nues, tandis que les autres la ravalaient tout autant a l’extreme. (D’apres une miniature (genre Levitzky) de la collection du prince N. Obolensky, a Moscou.)