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172 La baronne JULIE KRUDENER, 1764 —1824, nee Yietinghof, petite-fille du general Munich, naquit a Riga, le 21 novembre 1764. Le pere, occupe a ses affaires de negociant, et la mere, jolie femme tout entiere a sa vie mondaine, ne prirent pas grand soin de l’education de leur fille, mais lui transmirent une grosse ambition et un penchant aux entrainements. Naturellement douee, elle resta sans rien apprendre, mais les voyages qu’elle fit des son enfance par toute l’Europe lui donnerent un vernis superficiel et la connaissance parfaite du francais; portee a la reverie, elle concut, toute jeune encore, de vastes plans de mysticisme. A 18 ans, elle epousa un diplomate, le baron Krudener, veuf de sa seconde femme et age de plus de 40 ans, sans amour et simplement pour acquerir une position brillante dans la societe. Elle s’eprit passionnement de son mari, et finit bientot par souffrir de ne pas se sentir aimee elle-meme comme le voulait sa nature ardente et reveuse, ce qui tenait sans doute aussi a la difference d’age; elle s’apercut en meme temps qu’elle avait inspire une passion serieuse a un jeune secretaire d’ambassade, Stakhieff, qui avait quitte sa position pour elle. Son ambition fut piquee, et elle se lanca a la recherche de la passion ardente et de conquetes nouvelles en se jetant dans les distractions mondaines. Des contemporains disent que Mme Krudener, ,,sans etre une beaute, avait un visage attrayant et expressif, de tres jolies mains, des cheveux blond-clair magnifiques, des yeux bleus et une grace enchanteresse“; selon d’autres, au contraire, „elle etait d’une beaute ravissante et exercait une fascination irresistible, magique“. Apres avoir successivement habite avec son mari Venise, la Baviere et Copenhague, elle dut, pour raisons de sante, se fixer a Paris, ou elle fut entouree d’un essaim d’adorateurs: l’academicien Suard, l’artiste Garat et le hussard de Fregeville furent pour elle plus que des amis intimes. Elle voulut divorcer pour le dernier, mais se heurta a la volonte de son mari. En 1799, lorsque Krudener fut nomme ambassadeur et ministre plenipotentiaire a Berlin, elle retourna pres de lui, „pour accomplir“, disait-elle, „ce qu’exige le devoir“, et elle ajoutait: „Dieu a daigne benir mon mari depuis que je suis retournee pres de lui“, Depuis ce temps, elle se fait remarquer par sa manie de faire intervenir la Providence dans les menues affaires de la vie et de se pretendre designee pour une mission d’en haut.... Cependant elle ne tarda pas a quitter de nouveau son mari et a revenir a Paris: en 1802, elle devint veuve. Elle ecrivit a cette epoque quelques nouvelles sentimentales et publia en 1805 son готал V a.lerie, dont elle etait l’heroine, et qui, grace a une reclame ehontee, eut un succes considerable. De retour dans sa patrie, elle se fit adepte fervente et apotre enthousiaste de la doctrine des Freres Moraves: rien d’etonnant a cela, de la part d’une femme de 40 ans, qui commencait a vieillir, a laquelle l’ambition ne laissait pas de repos et dont les entrainements passionnes, pour une personne ou pour une idee, peu importe, ne connaissaient pas de mesure. Elle passa ensuite en Allemagne, ou elle fut honoree de la protection de la reine Louise, se lia avec le pietiste Jung-Stilling, fit connaissance avec diverses prophetesses, et se lanca elle-meme dans de vagues predictions. En 1815. a Heilbronn, elle fut presentee a Alexandre Ier par Mlle Stourdza, demoiselle d’honneur, et son langage exalte entraina l’Empereur, enclin lui-meme au mysticisme. Il la vit souvent a Paris, et peut-etre meme ne fut-elle pas etrangere a la formation de la Sainte Alliance. Les annees suivantes, elle prophetisa en Suisse et en Allemagne la fin du monde et la venue du regne des malheureux; on venait l’entendre, et elle etait suivie d’une foule de mendiants et de vagabonds auxquels elle faisait largement la charite. Partout les autorites la chassaient; elle rentra en Livonie. En 1821, elle vint se fixer a Petersbourg, ou elle se lia avec la princesse A. Golitzyne, et trouva un protecteur dans la personne du prince A. Golitzyne; mais elle voulut se meler de politique et recut l’invitation de quitter aussi Petersbourg. Elle mourut, le 25 decembre 1824, a Karassou-Bazar· et fut inhumee dans la propriete de la princesse Golitzyne, a Koreiz. Elle eut un fils et une fille, Juliette (Mme Berckheim), qui fut son adepte zelee. Faisant croire et croyant peut-etre elle-meme a sa mission divine, Mme Krudener joua un role marquant dans les grands evenements du commencement du XIXe siecle; il y a quelque chose de dramatique dans cette vie etrange, a la fois celle d’une aventuriere ballottee par les passions et l’ambition, et celle, toute de renoncement et de charite, d’une chretienne enthousiaste et sincere. (D’apres une miniature appartenant au comte Lanskoronsky, Yienne. )