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168 PIERRE KIIRYSANTOWITCH OBOLIANINOFF, 1755—1841, fils d’un colonel et issu d’une famille noble sans fortune, passa son enfance sans recevoir la moindre education; il savait a peine lire, ne connaissait que sa langue maternelle et ne pouvait souffrir ce qui etait etranger. Il ne dut son elevation qu’a lui-meme, a sa sagesse, son intelligence vive, sa ponctualite, sa perseverance, et a l’occasion aveugle. Lorsque, enrole a l’armee 'a l’age de 15 ans, il prit sa retraite douze ans apres, en 1780, comme simple premier major, personne assurement ne pouvait prevoir la haute fortune qui l’attendait plus tard. En 1785, il entra au service civil: il fut d’abord dans l’administration judiciaire a Pskoff, ou il devint conseiller au tribunal civil et aux finances; dix ans apres, il passa a l’Amiraute avec rang de lieutenant-colonel. H servit un certain temps aux troupes de Gatchina, et s’y concilia l’attachement et la confiance du Grand-Duc Paul: general major lors de son avenement au trone, il fut nomme chef des subsistances, fait chevalier de Malte et recut plus de 5000 tetes de paysans. Promu general lieutenant, le 2 fevrier 1800, il fut nomme procureur general, fonction qui comportait des pouvoirs tres etendus et la haute main sur toutes les affaires, tant militaires que civiles, et qu’il conserva jusqu’a la mort de l’Empereur Paul: il prit sa retraite pour raisons de sante, le 16 mars 1801. Passionnement devoue au Souverain, serviteur aveugle et ponctuel de sa capricieuse volonte, honore sans reserve de sa confiance, Obolianinolf ne sut cependant pas prevoir la catastrophe du 11 mars: il n’avait pour cela ni une perspicacite assez fine, ni la souplesse d’esprit necessaire. Les contemporains reconnaissaient a Obolianinoff de la droiture, une honorabilite et une elevation de sentiments incontestables ; quelques-uns meme le trouvaient „une bonne pate“, mais ce que personne n’aimait en lui, c’etait son humeur brutale et grossiere. Sans education, presque illettre, avec ses manieres „de Gatchina“, il sut pour Lan t „acquerir un certain poli a la Cour et s’y tenir a la hauteur de sa situation“; encore lui arrivait-il, sous l’empire de son indomptable emportement, de sortir des limites de la bienseance, de lacher des gros mots et de menacer de la reclusion et du bagne, sans autres consequences d’ailleurs. Ne manquant pas de bon sens, il avait l’art de se choisir des ..subordonnes capables“, qu’il savait apprecier et „faire travailler pour lui“, sans se gener, dit Mertvago, pour „donner comme etant de lui“ les projets qu’il leur avait fait rediger. Aux jours de sa puissance, cet executeur aveugle des commandements de Paul eut une telle force el une telle importance, qu’il n’y avait pas jusqu’aux Grands-Ducs et a Pahlen qui ne vinssent tous les jours figurer a sa reception; tous les rapports de l’Empereur passaient par ses mains et les contemporains le „comparaient au Grand-Vizir“. Ce moral antipathique n’etait nullement dementi par le physique: grand et maigre, un peu courbe, avec sa tete osseuse et anguleuse, ses cheveux clairsemes et tondus ras. son nez en pied de marmite, ses yeux renfonces et son regard dur, il avait une physionomie repoussante. H tutoyait tout le monde, et ne savait dire „vous“ que quand il etait en colere. A sa retraite, il se fixa a Moscou. L'a il fut, en 1812, elu par la noblesse membre du Comite d’organisation des milices, puis, en 1818, nomme marechal de la noblesse du gouvernement de Moscou: il le resta neuf ans et recut en cette qualite l’etoile de St-Vladimir de Ie classe A Moscou, tout avare qu’il etait, il vecut sur un grand pied, grace a sa grosse fortune personnelle et a celle de sa femme. Sa protection etait tres recherchee; tous venaient lui presenter leurs hommages, et des dames de qualite lui baisaient la main, marque de deference a laquelle il n’etait pas indifferent. Il avait epouse, le 17 janvier 1795, Anna Alexandrowna, ??? Ordyne-Nachtchokine, nee Ermolaeff (1754—1822), dont il n’eut pas d’enfants. Obolianinoff mourut dans sa maison de Moscou, au coin de la Tverslcaia et de la Sadovaia, le 22 septembre 1841, et fut inhume dans ses terres, a l’eglise du village de Tolojno, district de Novotorjok. (D’apres une miniature de la collection du Grand-Duc Nicolas Mikhailo witch.)