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122 BASILE ALEXEEWITCH ZLOBINE, 1761—1814, le dernier Notable (Imenily), fils d’un paysan ivrogne du village de Malykovka, gouvernement de Saratoff, ne dut toute sa situation et sa fortune qu’a son esprit, sa sobriete, son energie et, comme toujours, au hasard. Ce qui contribua a son succes dans la vie, c'est qu’il savait bien lire et ecrire, chose rare a cette epoque „dans un trou comme Saratoff“. Scribe aux bureaux du canton de Malykovka, c’etait un homme tranquille, modeste, toujours pret a rendre un service, mais un begaiement lui rendait difficile l’usage de la parole. Les vieux du village l’aimaient et le fiancerent a la belle Pelagie Mikhailowna Kouzmine, fille d’un riche paysan, plus tard le marchand Volkovoinoff, qui d’abord ne voulut pas de ce fiance begue et pauvre. „Dis oui, Kouzmitch“, lui dirent les membres du comite cantonal, „dis oui, on en fera quelque chose, de ce garcon!“ Zlobine eut la fille, et juste a ce moment le hasard lui vint en aide. Peu avant la transformation de Malykovka en capitale de district sous le nom de Yolsk, le prince Viazemsky, procureur general, arriva dans sa propriete de Tzarevchtchina : il venait choisir des terres qui lui avaient ete concedees par l’imperatrice. Une deputation de notables de l’endroit allerent offrir au visiteur de marque le present habituel, des brochets vivants: au nombre des delegues se trouvait Zlobine, dont l’esprit attira l’attention du prince, et qui lui indiqua qu’il y avait a trente versles de Malykovka de magnifiques prairies sur la Malanga avec de nombreux lacs bien poissonneux. Viazemsky resta entierement satisfait de ces indications et chargea Zlobiiie de prendre ces terres a l’Etat et de les gerer ainsi que la distillerie de Tzarevchtchina. Une fois convaincu de son habilete et de son honnetete, il le fit venir a Petersbourg et mit ses fermages a son nom, mais en laissant a sa disposition les fonds et les cautionnements necessaires: „Tu seras mon instrument, mais en etant maitre absolu; pour les benefices, de compte a demi“. Ce n’etait pas peu de chose que la protection du procureur general: les benefices furent considerables, et, quand le prince mourut, Zlobine avait les fermages de plusieurs gouvernements et etait deja millionnaire; il etait en outre titulaire de grosses soumissions pour la fourniture du sel de l’Elat a diverses villes et des vivres a l’armee. Il acquit une tres grande notoriete; beaucoup recherchaient ses bonnes graces, des gens comme Speransky etaient intimes avec lui. Au temoignage de Wiegel, „il avait par jour mille roubles de revenu net“, mais a son honneur, il conserva sa simplicite, sans s’occuper de la mode ni se raser, avec son caftan orne de medailles ; il ne changea rien a ses propos ni a son allure, ne fit pas de courbettes, ne demanda rien aux puissants de ce monde et ne pretendit ni a un rang dans la hierarchie, ni a la noblesse, fier du titre de Notable, auquel les Stroganoff avaient renonce pour celui de baron. Il avait d’ailleurs la passion de traiter magnifiquement a Petersbourg les gens de la haute societe et ceux qui lui etaient necessaires. Son importance etait considerable dans le gouvernement de Saratoff: les autorites allaient lui porter leurs hommages et le gouverneur Pantchoulidzeff etait son ami- Fixe a Petersbourg dans une maison splendide qu’il appelait souvent „un gite loue pour trois jours“, il revait de se retirer sur ses vieux jours a Volsk, dont il ne cessa de s’occuper toute sa vie. il y fit faire une cathedrale, des eglises, des jardins, et construire a ses frais des maisons en pierre pour de simples particuliers; il voulait meme „elever un mur d’enceinte tout autour de la ville“, et entreprit des demarches pour en faire le siege d’un gouvernement. Il protegeait les gens a son service et s’efforcait de faire arriver ceux qui etaient capables: beaucoup devinrent eux-memes dans la suite fermiers et nobles, par exemple, les Oustinoff, et il regardait comme un sot celui qui ne savait pas faire fortune a son service. La mort de son fils unique Constantin et des embarras dans les affaires, notamment des pertes dans les fermages et la fourniture du sel en 1812, eurent une influence funeste sur sa sante. Reste entierement seul, il devint songeur, oublieux, en proie a un ennui intense. Pantchoulidzeff le fit venir chez lui a Saratoff pour le distraire, mais il y etait depuis une semaine lorsqu'il mourut, le 21 aout 1814; il fut inhume a Volsk, dans un jardin des environs, au lieu dit „la colline Sokoloff“, dans son caveau de famille. (D’apres une miniature appartenant a Th. Prove, Moscou.)