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101 MARIE SAVVICHNA PEREKOUSSIRHINE, 1739—1824, femme de chambre preferee de Catherine II. provenait d’une famille noble sans fortune du gouvernement de Riazan. Quand et comment entra-t-elle au service de l’imperatrice, on l’ignore, mais on sait que, dans les annees 60, la Souveraine fut marraine de sa niece Catherine, Pendant pres de quarante ans, elle resta a son service: seule elle avait le droit de penetrer dans sa chambre a la premiere sonnerie et l’aidait a s’habiller; elle ne faisait ensuite qu’assister comme ordonnatrice principale a l’achevement de la toilette, apres la coiffure et les audiences du matin. C’etait encore elle qui l’accompagnait dans tous ses voyages, dans ses promenades, et parfois meme dans ses sorties de ceremonie: elle restait toujours sous sa main, occupant dans tous les palais un appartement voisin du sien: la, elle recevait et „faisait poser“ et Khrapovitzky, que Catherine felicitait „d’aller chez Marie Savvichna“, et A. Protassoff, en quete de la permission de se marier, et Derjavine, dans l’attente du courroux de Felitza, et la princesse Dachkoff: la situation de Mlle Perekoussikhine la rendait necessaire a tous. Avec sa connaissance des hommes, Catherine faisait grand cas du devouement cordial et denue d’artifices de cette nature rustique et peu cultivee, mais intelligente et entendue de femme russe. L’attachement de cette vieille fille seule au monde avait meme fait a la finesse de l’imperatrice l’impression d’un certain sentimentalisme amoureux: elle s’appelait en plaisantant son fiance, et, le jour du mariage de sa niece, lui fit present d’un anneau precieux алее son portrait en costume masculin, et lui dit: „Voila pour toi aussi un fiance que je suis sure que tu ne trahiras jamais“. Dans tous ses rapports avec elle, Catherine lui temoignait toujours l’attention la plus touchante, la soignait quand elle etait malade, la consola de la mort de son frere. Khrapovitzky note, en date du 2 decembre 1788: „Parle du chagrin de Marie Savvichna. qui a perdu son frere cette nuit. Elle a bien resiste, mais maintenant elle est au desespoir. Ordre a ete donne de faire les funerailles aux frais de la Cour. Ete la voir. Pleure“. Jouissant de la confiance particuliere de l’imperatrice, qui l’appelait son amie, Mlle Perekoussikhine l’aimait non seulement comme puissante Souveraine, mais aussi comme faible femme. Elle etait sans doute mieux que personne au courant de ce que le jargon de la Cour appelait „des affaires d’interieur“, et ne pouvait en rester a l’ecart: mais elle savait tenir sa langue, et des nombreux recits notes d’apres ses paroles par les contemporains, aucun ne touche le cote intime de la vie de l’imperatrice. Pour elle-meme, elle etait entierement satisfaite de sa position non officielle, mais eUe demanda beaucoup pour la famille de son frere, son unique attachement apres l’imperatrice; c’est a elle que dut sa carriere Basile Perekoussikhine, mort senateur, t’est encore grace a elle que se firent une position et une fortune sa niece Catherine Torsoukoff et son mari. A la date fatale du 5 novembre, Mlle Perekoussikhine fut la premiere a se ressaisir en presence de l’attaque qui avait frappe Catherine· elle supplia Zouboff eperdu de saigner la malade; peut-ctre ainsi l’aurait-on sauvee, car, quand Rogerson fut la, le sang ne vint plus. „La fermete d’esprit de cette respectable femme“, ecrivit alors Rostoptchine, ,,a attire a plusieurs reprises l’attention de toutes les personnes presentes; uniquement occupee de l’imperatrice, elle la servait comme si elle s’attendait a la voir revenir d’un moment a l’autre, apportant a chaque instant des linges aux medecins pour essuyer les matieres qui coulaient de sa bouche, lui arrangeant tantot les bras, tantot la tete, tantot les jambes“,... Paul Ier lui fit servir une pension viagere de 1200 roubles par an sur les fonds du Cabinet, puis donner 4517 dcciatines de terre dans le gouvernement de Riazan et une maison a Petersbourg, celle qui avait appartenu au banquier Suterland. ou elle s’installa: elle y passa tranquillement le reste de ses jours, entouree de portraits de Catherine et de meubles lui ayant servi. ,,Je vois comme maintenant cette gentille petite vieille toute mince, simple, mais toujours vetue avec soin, en bonnet amidonne blanc comme neige sur ses cheveux legerement poudres, assise a sa table devant un livre ou une reussite“, dit Sverbeeff dans ses souvenirs a l’annee 1818. Elle fut inhumee au cimetiere St-Lazare. au monastere d’Alexandre Newsky; sur sa tombe, on dechiffre avec peine une modeste epitaphe: ,,La Servante de Dieu Marie Savvichna Perekoussikhine. Decedee le 8 aout 1824 dans sa 85® annee“. (D’apres une miniature appartenant a I. Vsevolojsky, St-Petersbourg. )