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95 Le prince CHARLES (Nicolas-OUion) de NASSAU - SIEGEN, 1745—1808, naquit en France au chateau de sa grand’mere Charlotte de Mailly. femme divorcee du prince Emmanuel de Nassau-Siegen et dont le Jils naturel Maximilien etait le pere de Charles, qui recut en 1756 le titre de prince. Protege par la Cour de Versailles, il prit part, a l’age de 15 ans, a la Guerre de Sept-Ans et, a 20 ans, accompagna Bougainville dans son voyage autour du monde. A son retour, en 1769, tout Paris fut plein du bruit de ses exploits: les dames prenaient un interet particulier a la passion de la reine de Taiti pour lui et a l’offre qu’elle lui avait faite de sa couronne; les hommes admiraient son combat singulier en Afrique avec un tigre, dont il eut raison a lui seul. Les recits le faisaient brave jusqu’a la temerite, ose jusqu’a l’impudence; jeune, beau, riche, oisif, il avait du succes aupres des femmes et devint bien avant son mariage pere d’une fille, dont il proposa plus tard la main au celebre Rostoptchine. Il ne manquait pas un oiseau dans le parc de Versailles, sortit indemne de ses nombreux duels et assiegea le roi de projets plus fantastiques et plus irrealisables les uns que Les autres____Blesse par le scepticisme du ministere francais, crible de dettes, il epouse une riche veuve polonaise, la princesse Sanguszko, nee Charlotte Gorzski; cette charmante femme ne peut pourtant l’attacher au foyer: toujours en correspondance avec elle, il se montre rarement; il continue a construire des chateaux en Espagne, a courir les dangers et, risquant audacieusement sa vie, manque perir au siege de Gibraltar. Soucieux d’arranger les affaires de sa femme, il arrive en Pologne, ou il se fait accorder toutes les prerogatives de magnat, puis va voir Potemkine, dont il devient l’ami en quelques jours. Catherine s’etonne et ecrit: ,,C’est drole comme le prince de Nassau te plait, quand il a partout la reputation d’un cerveau brule“. Cependant, il sut lui plaire aussi a elle lors de son voyage de Crimee. En 1788, il fut admis au service et nomme chef de la flottille a rames de la mer Noire, avec le grade de contre-amiral. Il remporta alors quatre victoires brillantes, „inouies“, sur la flotte turque. „Enfin, ma princesse“, ecrit-il a sa femme, „je suis content“; Catherine le fut egalement: elle lui donna St-Georges de 2e classe, une epee d’or et le pavillon de vice-amiral, mais aussi le prince alla declarant par toute l’Europe „qu’il n’y a rien de plus brave qu’un Russe“, ce qui lui fit faire un grand pas de plus dans les bonnes graces de la vaniteuse Souveraine____A la guerre de Suede, il eut le commandement de la flottille a rames de la Baltique et, le 15 aout 1789, defit l’escadre suedoise a Ruotsinsalmi et gagna ainsi l’etoile de St-Andre. Mais, le 29 juin de l’annee suivante, il se fit battre a son tour · dans son desespoir, revetu de son uniforme blanc et portant le cordon de St-Andre, il chercha en vain la mort dans les rangs ennemis. L’Imperatrice s’efforca de le ranimer, en lui disant que „ce n’etait pas le roi de Suede, mais le vent violent qui lui avait inflige un insucces“, et le fit amiral. Desole de la conclusion de la paix, il demanda sa retraite, mais n’obtint qu’un conge a l’etranger; au temoignage de Worontzoff, „il resolut de dissiper a Coblentz tout ce qu’il avait gagne en Russie“ et y fut aide par les emigres, auxquels il donna a manger et a boire et distribua tout ce qu’il avait, au point qu’il dut faire argent des cadeaux de Catherine, de ses services et de ses epees d’or. A la fin de 1795, il fut charge pres du roi de Prusse d’une mission diplomatique secrete relative a la Pologne, puis se trouva a l’armee d’investissement de Varsovie. Il y essuya encore un echec, prit sa retraite le 50 octobre 1794 et alla se fixer a Venise, n’esperant plus „pouvoir etre encore quelque chose en ce monde“. Catherine II etait mecontente qu’il eut quitte le service, et le recut froidement lorsqu’il lui fit visite en 1795 a Petersbourg, ou il revint, un an plus tard, rendre hommage a la depouille de cette „femme illustre“. Fixe des lors dans sa propriete de 'L'ynna, pres Nemirovo, il s’y consacra a la vie rurale, y mourut en 1808 et y fut inhume. Amiral de la marine russe et marechal de l’armee francaise, grand d’Espagne et chevalier de St-Andre, proprietaire russe et magnat de Pologne, aventurier et noble chevalier, Nassau-Siegen etait, au temoignage d’un contemporain, le duc de Levis, „grand et bien fait, mais avec un visage peu expressif, des manieres froides, un genre commun, une conversation plate; il avait beaucoup des qualites d’un heros, l’humeur entreprenante, une energie extraordinaire et le plus grand mepris de la mort: ses talents etaient d’ailleurs aussi nuls que son intrepidite etait grande“. Un autre contemporain dit: „Le prince de Nassau est un esprit noble et un homme d’honneur, loyal et ferme. Il parle comme il pense, et pense avec une noblesse de chevalier“. (D’apres une miniature de la collection du Grand-Duc Nicolas Mikhailowitch.)