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91 STEPHANE IYANOWITCH CHECHKOWSKY, 1719 —1794, petit-fils d’un prisonnier polonais et fils d’un scribe, naquit le 20 decembre 1719. Il alla a une ecole greco-latine ou il ne resta que quelques mois, et toute son instruction se borna a „la science de l’ecriture“. Entre comme copiste en 1758 a la Chancellerie de Siberie, il passa en 1743 au bureau de la Police secrete de Moscou, puis, quelques annees plus tard, a la Chancellerie Secrete, ou il fut archiviste et redacteur des proces-verbaux; en 1757, „sa conduite reglee et ses travaux exemplaires“ le firent nommer secretaire, et, lors de la fondation par Catherine II d’un Bureau Secret au Senat, il y entra et devint secretaire principal en 1767- Pendant trente ans. il y fit les enquetes sur les affaires les plus importantes, notamment les affaires politiques. En 1774, il fut envoye a Moscou instruire celle de l’insurrection de Pougatcheff „et reconnaitre a fond toutes les coquineries cachees“; il y apporta une extreme energie, „ecrivant jour et nuit l’histoire des scelerats“. Il eut aussi en mains les affaires de Radichtcheff et de Novikoff. Ses travaux furent genereusement recompenses: il avait en 1791 le rang de conseiller prive et St-Yladimir de 2e classe. II mourut le 12 mai 1794 et fut inhume au cimetiere St-Lazare. au monastere d’Alexandre Newsky, Il avait epouse Helene Petrowna (-j- 7 aout 1805, nom de famille inconnu), dont il eut un fils Ivan (1765—31 octobre 1818), brigadier, et une fille Marie, mariee au senateur Mitoussoff. Au temoignage de Catherine, Chechkowsky „mettait toujours soigneusement au point les instructions les plus difficiles“. Il disposait pour cela de riches moyens, Agissant d’abord „par la persuasion et des exhortations bien senties pour faire dire la verite“, il passait de l'a a „l’intimidation“ sous forme des verges et du knout. Il etait personnellement un virtuose de cet art, knoutant de scs propres mains et possedant le talent de faire sauter toutes les dents d’un coup de trique sous le menton. Non seulement il avait, selon l’expression de Catherine, „le don particulier de parler avec les petites gens“, mais encore il savait s’arranger avec les gens plus haut places et faisait fouetter les dames de la Cour qui avaient eu la langue trop longue. Sa bigoterie rendait encore sa cruaute plus revoltante: la salle des interrogatoires etait garnie d’icones; dans ses exhortations aux prevenus, il lui arrivait de prendre texte de l’Ecriture, et il etait homme a reciter tout haut des chants d’eglise en donnant la question. Au cours de ses succes professionnels, il s?enrichit non seulement grace aux bienfaits de l’imperatrice, mais aussi par les moyens que lui procurait son metier. Rien d’etonnant a ce qu’il fut l’objet de la haine generale; les grands seigneurs puissants en Cour le traitaient comme un bourreau „knouteur“. et, par contre, ceux qui avaient besoin ou peur de lui, meme des personnages comme le prince Prozorowsky, s’humiliaient devant lui, „comptant sur son amitie“ et le priant „de les aimer, de ne pas les abandonner et de les proteger a l’occasion“. Il convient, pour etre juste, de faire peser une bonne partie de la faute de cet ignorant, nourri dans la chicane bureaucratique, sur son eclairee protectrice. Les faiseurs d’odes pretendaient que Catherine „Ne defendait d’elle a personne De dire et le faux et le vrai, Et qu’elle etait aux crocodiles, De toutes ses faveurs Zoiles, A tout pardonner toujours prete“. En realite pourtant, l’imperatrice avait sans cesse un ?il mefiant sur tout ce qu’elle trouvait blessant pour son amour-propre demesure; a dire „le faux et le vrai“, on risquait souvent de se faire mettre au nombre de ces „radoteurs“ qu’elle detestait, et, quant aux „crocodiles“, il y en avait bien qui n’etaient que d’inoffensifs bavards, Catherine avait pour principe „de ne pas laisser les radotages sans examen“ et „de l’un a l’autre, de celui a qui on l’a dit a celui qui l’a dit, de remonter jusqu’a l’auteur et de le chatier en consequence“. En pareil cas, Chechkowsky agissait sous sa direction, „sous ses yeux“. L’adepte de Beccaria n’avait pas la moindre hesitation a faire fouetter les „radoteurs“ „publiquement par la police“, et les plus haut places en secret. On raconte qu’elle fit enlever au bal masque par Chechkowsky la generale Kojine, qui avait la langue un peu longue, „pour lui infliger un leger chatiment corporel, puis la ramener avec tous les egards ou on l’avait prise“. Executeur ponctuel des ordres de l’imperatrice, Chechkowsky etait son „chien fidele“, le gardien de sa puissance, de son honneur et de son repos. Il etait naturel que toute la responsabilite des cruautes et du knoutage, qui incombait a l’eleve de Montesquieu, retombat sur son grossier valet; celui-ci etait traine dans la boue, et son inspiratrice etait appelee: „Ange de douceur et de paix Cache sous l’eclat de la pourpre“. Dans cet ordre d’idees, son epitaphe est parfaitement juste : il „servit la patrie 56 ans“, uniquement occupe a proteger contre la medisance la gloire de ,,la tres clemente mere de la patrie“. (D’apres un original appartenant a S. Mitoussoff, St-Petersbourg.)