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81 Le baron LEON (Charles-Louis) KARLOWITCH BODE, 1787 —1859, d’une vieille famille noble d’Allemagne, fils d’un colonel de l’armee francaise et d’une anglaise, nee Marie Kinnersley, naquit en Alsace, au chateau de son pere, a Berg-Zabern, le 20 janvier 1787. En 1795, ses parents, grace a la protection de la mere de la Grande-Duchesse Elisabeth Alexeewna, quitterent la France pour se fixer en Nouvelle-Russie sur des terres concedees par Catherine II. En 1798, il entra au Corps des Cadets de Chkloff, puis en 1801. partit pour l’etranger avec sa mere, qui allait reclamer son domaine de Sultz (unter Walden), confisque a la Revolution. Il y fut d’abord page et, a 16 ans, officier d’infanterie au service de l’electeur de Hesse - Cassel. Apres la catastrophe d’Austerlitz, „les appreciations revoltantes qu’il entendit lui firent honte de rester dans l’inaction au service d’un prince etranger“. Il revint en Russie en 1806 et entra comme porte-enseigne au regiment des chasseurs de la Garde, que commandait le comte Emmanuel de Saint-Prix et qui comptait de nombreux emigres parmi ses officiers. H rejoignit sur le theatre de la guerre, et a Gutstadt sauva la vie a Saint-Prix et recut la croix de St-Georges de soldat. En 1812—1814, il fut aide de camp du comte Steingel, puis de Wittgenstein; la campagne de 1815 lui valut l’ordre de St-Georges de 3e classe, et a Paris il fut promu au grade de colonel. H epousa, en janvier 1815, Mlle N- Kolytcheff, une amie de ses s?urs, et quitta le service peu apres. Il passa quelques annees a Petersbourg et a Moscou, puis ses affaires le fixerent a Rolytchevo, gouv. de Saratoff, d’ou le cholera de 1830 le fit revenir a Moscou. L'a, sa parente avec le prince P. Wolkonsky lui fit obtenir la place de conseiller d’abord, puis de directeur de l’administration du Palais, avec de vastes appartements dans les pavillons des chevaliers, ou sa famille resta vingt-cinq ans. H eut successivement les titres de chambellan, de marechal de la Cour et de grand maitre de la Cour- Il releva la Cloche Royale et fut charge de reconstruire les terems et d’elever le grand palais. Extremement soigneux et minutieux dans les questions d’argent, il aimait et savait construire; il lui passa entre les mains des sommes considerables, car l’Empereur Nicolas avait en lui une entiere confiance, ce qui lui fit beaucoup d’envieux a Moscou. Ц fut decore d’Alexandre Newsky et recut une medaille particuliere enrichie de diamants el portant l’inscription Merci pour la construction du palais, et 40.000 roubles pour payer ses dettes, L’Empereur Alexandre II lui confera l’etoile de St-Yladimir de lre classe. Dans sa famille, dont il etait bien le chef, la vie etait patriarcale, un peu a l’allemande, et large, mais simple. L’immense appartement etait plein d’enfants et de pupilles; il y avait une nuee de domestiques, et le vetilleux baron sortait lui-meme en voiture accompagne d’un valet de pied en livree de la Cour, auquel n’avaient droit ni sa femme ni ses filles. Son autorite etait reconnue d’elle-meme: sans etre exprimee par rien, elle se sentait, et neanmoins le vieillard au caractere un peu vif. mais au c?ur tendre et excellent, etait adore de ses enfants et petits-enfants. H parlait bien russe, et ses enfants devaient ne pas parler allemand, etre russes, ce qui signifiait, dans les idees du temps, parler francais. Seules les plaisanteries et les paroles d’amitie lui venaient dans sa langue maternelle, l’allemand : il donnait a ses petits-enfants des surnoms allemands et aimait causer parfois avec les dames de la colonie allemande de Moscou. Joignant a une attitude martiale le lustre elegant du XVIIIe siecle, le petit vieillard trapu, avec sa belle figure et sa tete abondamment fournie de cheveux blancs et drus qui la faisaient comparer par ses petits-enfants a une boule de dent-de-lion, ne perdit rien avec l’age de sa vivacite d’esprit, de sa verdeur ni de sa bonne humeur. U a laisse sur sa vie jusqu’a son mariage des Memoires en anglais, restes inedits. H mourut a Moscou, le 29 avril 1859, et fut d’abord inhume au village de Mechtcherskoie, gouvernement de Moscou, puis, en 1867, sa depouille fut transferee dans la crypte de l’eglise du village de Loukino, pres Moscou. (D’apres une miniature, 1812, appartenant a la comtesse N. Sollogoub, Moscou.)