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84 SERGE GUERASSIMOWITCH DOMACHNEFF, 1745—1795, fils du conseiller d’etat Guerassime Iakov-lewitch Domachneff, membre des bureaux de la gabelle, et, a ce qu’il parait, de la dame d’honneur favorite d’Elisabeth Petrowna, Anne Dmitriewna Domachneff (releguee a Moscou pour avoir voulu jeter un sort sur l’imperatrice), inscrit, dans son enfance, sur les roles du regiment d’Izmailoff, fit ses etudes a l’universite de Moscou et fut l’ami et le camarade de D. 1. Yon-Yizine; il fut promu officier en 1760 et siegea, en 1767, dans la Commission du „Code“ en qualite de depute de la noblesse de Soumy. Il voyagea ensuite a l’etranger et prit part, en 1772, a l’expedition du comte Orloff-Tchesmensky dans l’Archipel, ou, pendant l’expedition de Moree, il commandait la legion d’Albanie. Mettant a profit la protection des Orloff. Domachneff, la meme annee, fut nomme gentilhomme de la chambre, en 1775 — directeur de l’Academie des Sciences et, en 1778— conseiller d’etat actuel et eleve a la dignite de chambellan. Il eut. de son temps, non seulement la reputation d’un homme instruit, mais encore celle d’un savant, car il se fit connaitre de bonne heure dans la carriere litteraire: il n’avait encore que 20 ans qu’il publiait deja de petits ouvrages et des vers dans les journaux du temps, ensuite il composa des opuscules sur la geographie, enfin, au jubile de l’Academie, en 1776, il prononca un discours decousu, en mauvais francais. j o Comme directeur de l’Academie, DomachnefE ne fit rien qui soit digne d’etre rappele, sans compter que, de l’aveu de l’imperatrice elle-meme, l’administration du materiel periclita par sa faute: la bibliotheque etait negligee et en desordre, les musees et les collections ne se completaient pas, des collections entieres restaient des annees non classees. D’autre part, en 1778, l’Academie publia un tome des „Esquisses de la description generale, topographique et physique de l’empire de Russie“, entreprises personnellement par DomachnefE. On ne peut, cependant, refuser a ce dernier une certaine part d’originalite; devancant de cent ans les partisans actuels d’une reforme „essentielle“ de l’orthographe russe, DomachnefE etait un adversaire declare de la lettre „ъ“ (prhier ier) et une section des Nouvelles de l’Academie, en 17 81, sous sa direction, s’imprima sans la lettre abhorree du directeur. Favori des OrlofE, successeur a l’Academie du comte Y. G. Orloff, Domachneff ne crut pas necessaire cependant de suivre l’exemple de son predecesseur dans ses relations avec les academiciens et les professeurs. DomachnefE envisageait la Commission de l’Academie comme une chancellerie qui lui etait entierement soumise, ne se genait pas pour donner des ordres, faire des remontrances, ce a quoi les academiciens n’etaient pas habitues du temps d’Orloff qui avait contracte dans les universites d’Allemagne les gouts de l’etudiant allemand, le respect et les manieres polies envers les savants. Les academiciens, ayant a leur tete le celebre Euler, l’aveugle, ecrivaient des protestations et des plaintes a l’imperatrice et, le 24 janvier 1785, Domachneff, apres la revision de l’Academie par le prince Yiazemsky, fut revoque, et la celebre princesse E. R. Dachkoff, qui traitait son predecesseur „d’absolue nullite“, fut nommee a sa place; a l’en croire, l’imperatrice elle-meme en nommant Dachkoff appela Domachneff „imbecile“. Il n’est pas etonnant qu’on ait compose sur lui une satyre ayant la forme d’une acathiste avec le refrain: „Yoici un faible d’esprit qui vient a l’Academie, des sages il est dans rassemblee. Temps, o temps! tu le perdras! Que l’Academie ne perisse pas!“ S. G. Domachneff etait marie a la princesse Varvara Ivanowna Obolensky (nee en 1764, -j- le 25 mars 1828) dont il eut un fils. Jean, et deux filles, Prascovie et Marie (l’une des filles a epouse M. F. Soukhotine). Il mourut le 25 aout 1795, a l’age de 52 ans, et est inhume dans le monastere de St-Daniel, a Moscou. (D’apres un portrait, appartenant a M. Soukhotine, Kotchety, gouv. de Toula.)