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77 ALEXANDRINE OSSIPOWNA SMIRNOFF, 1809 —1882, fille d’un Francais, commandant de la place d’Odessa, Joseph Ivanowitch Rosset (-j- 1814), et de Nadejda Ivanowna Lorere (qui e'pousa le general Arnoldi en secondes noces), descendait de par sa mere des princes Tzitzianoff. A. O. Rosset, „la sirene enchanteresse“, „la fille-rose“, apres avoir fini ses etudes avec distinction a l’institut Catherine devint la dame d’honneur favorite de l’imperatrice Alexandra Feodorowna; etoile brillante a la Cour, elle jouit des faveurs de l’Empereur Nicolas Ier, et le Grand-Duc Michel Pavlowitch aimait a s’entretenir librement avec cette intelligente et belle personne qui l’amusait, lui grand amateur de jeux de mots, par sa conversation pleine de vivacite et ses fines reparties- L’education qu’elle avait recue a l’institut ne lui laissa aucune trace de sentimentalite, et son esprit naturel, ainsi que ses talents lui permirent de s’interesser a la litterature aussi bien qu’aux beaux-arts et a la musique. Ayant eu l’occasion d’entrer dans le cercle des hommes de lettres et des poetes, elle se lia avec Joukowsky, Yiazemsky, mais surtout avec Pouchkine; plus tard ses amis et adorateurs furent Gogol, I. Axakoff, J. Samarine, tous gens de tendances differentes, tres nuances entre eux et de caracteres divers. Le secret de son influence sur tout ce monde n’etait pas dans sa beaute; elle en imposait par son esprit, ses connaissances etendues et par le fait qu’elle avait un immense fond de lecture. Elle entretenait une correspondance tres suivie avec ses amis en litterature, et sans qu’ils s’en rendissent compte, ses conseils leur devenaient de plus en plus necessaires. Il fallait posseder son talent remarquable de s’insinuer dans les interets de chacun de ses correspondants si differents les uns des autres pour avoir de l’influence sur le fougueux Axakoff, partager les religieuses et mystiques recherches du valetudinaire Gogol ou pour interesser par des raisonnements abstraits le solide et philosophique esprit d’un homme aussi froid que Samarine. Captive par sa beaute, Khomiakoff comparait son ame „a l’encens qui monte au ciel pendant la priere“, et il ecrivait: „Dis-le-moi donc, o fille-rose, „Pourquoi me troubles-tu si fort?“.. En 1851, A O. Rosset epousa N. M. Smirnoff (ne le 16 mai 1807, mort le 4 mars 1870) qui fut dans la suite gouverneur a Iialouga, a St-Petersbourg, puis senateur, mais alors jeune diplomate et anglomane. Elle rassembla dans son salon une societe choisie qui ne poursuivait d’autre but que la culture intellectuelle, et les tendances se succedaient les unes aux autres. La se reunirent les slavophiles, puis plus tard les partisans de l’emancipation des serfs... A. O. Smirnoff des sa jeunesse tint un journal dans lequel les pages les plus curieuses sont celles ou elle caracterise Nicolas Ier dans ses rapports avec Pouchkine, ses propres relations avec le poete et ou elle conserve des conversations et des scenes entieres rapportees avec une infinite de details... Cependant ces notes ne sont pas exemples de partialite, aussi faut-il en user avec la plus grande precaution; elles n’ont du reste ete redigees qu’apres sa mort survenue le 7 juillet 1882 a Paris. Elle a ete inhumee a Moscou au monastere de Notre-Dame du Don. „A. O. Smirnoff etait une brunette de petite taille, avec des yeux admirables, tres noirs et qui tantot devenaient reveurs, tantot se remplissaient de feu ou regardaient serieusement et meme avec quelque rudesse. Elle avait une maniere de regarder dans les yeux d’uiye facon si penetrante que l’on s’en intimidait. Elle avait de magnifiques cheveux noirs avec des reflets d’acier, le port d’une statue antique, un profil classique, des mouvements de cygne“... A demi Francaise par son pere, selon les paroles du prince Bariatinsky, elle avait en elle „le plus pur des traits du sang georgien“. Julie Stroganoff (nee d’Almeda) a defini son „portrait“ de la maniere suivante: „Est-elle belle? Je ne sais; il est difficile d’analyser ce gai visage plein d’esprit... D’un air avenant, elegante, gracieuse et piquante, si elle sourit, on se sent pris d’enthousiasme pour elle; elle sourit, et l’on tombe sous le charme. Chacune de ses remarques porte le caractere d’une legere epigramme. Elle est tres impressionnable, aussi n’est-elle pas toujours egale Son imagination est un caleidoscope. Elle met de l’esprit partout, meme dans les choses les plus banales“-.- Mais mieux que tous Pouchkine a caracterise A. O. Smirnoff; il ecrivait dans son album: „Bien que soumise a la vaine influence La verite seule a pu me seduire Et de la cour et du monde elegant, Et j’etais bonne aussi bien qu’un enfant. J’ai su m’armer de froide indifference L’inepte foule m'a toujours fait rire, Simple de c?ur, esprit independant, Je la jugeais sans gene et sainement“... (D’apres une aquarelle, appartenant a Mme E. Smirnoff, St-Petersbourg.J