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151 La princesse MARIE NIKOLAEWNA WOLKONSKY, 1806—1863, fille du general Nicolas Nikolaewitch Raewsky, le heros de la Guerre Patriotique, et de Sophie Alexcewna, nee Konstantinoff, petite-fille de Lomo-nossoJT, recut dans sa famille une bonne instruction: sachant a la perfection les langues et la musique, et douee d’une voix remarquable, elle avait en outre un physique extremement seduisant: grande et elegante brune aux etincelants yeux noirs, au teint un peu basane, au nez legerement retrousse, a la demarche fiere, mais gracieuse, elle justifiait parfaitement son surnom de fille du Gange. Elle fut mariee au commencement de 1825 par la volonte de ses parents au prince Serge Grigoriewitch Wolkonsky. general deja retraite et d’age a pouvoir etre son pere. Moins d’un an apres, il fut arrete le 7 janvier 1826 et interne au ravelin Alexis, a la Citadelle Pierre-et-Paul: a peine remise de couches laborieuses, elle se hala, a la nouvelle du sort qui l’attendait, de quitter la propriete de son pere pour venir partager sa destinee. Ni les prieres et les raisons de sa famille, ni les obstacles du gouvernement ne purent ebranler sa resolution de l’accompagner en Siberie. Munie d’une autorisation de l’Empereur Nicolas, elle laissa son petit garcon (-{- 1827) aux soins de sa belle-mere, et partit de Moscou a la fin de decembre 1826 pour le long voyage, avec une seule femme de chambre; au bout de vingt jours de privations et d’incommodites, sans un arret, elle arriva a Irkoutsk, ou elle dut signer sa renonciation pour elle et ses enfants a tous les droits civils, et fut alors dirigee sur les mines de Blagodat, pres Nertchinsk, ou etait son mari. Elle ne s’eloigna plus des lors du lieu de sa reclusion, ne pouvant d’abord le voir que deux fois par semaine et partageant avec les autres femmes de Decabristes toutes les privations et les epreuves de l’exil volontaire. Souffrant du froid, de la faim, du manque d’argent, lavant elle-meme son linge, nettoyant par terre, se nourrissant de pain et de kvass, elle eut la force de caractere ,,de ne jamais perdre courage, de ne jamais dire son chagrin, gaie et aimable dans la societe de son mari et de ses camarades, fiere et exigeante avec le commandant et le chef du bagne“. Ces femmes apportaient dans l’existence des prisonniers un peu de chaleur et de confort, et les mettaient en communication avec le monde exterieur; aussi benissaient-ils ,,ces anges descendus de l’azur pour soulager les epreuves sur ce coin de terre et porter aux captifs dans leur sourire consolateur l’amour et la paix de l’ame“ Plus tard, quand le sort des Decabristes eut ete peu a peu l’objet de divers adoucissements et que son mari eut ete transfere a Tchita, puis a l’usine PetroAvsk, et enfin dans le gouvernement d’Irkoutsk, la jeune femme eut la satisfaction de pouvoir s’installer plus ou moins confortablement dans une maison a elle, et surtout celle de donner le jour a son fils Michel en 1832 et a sa fille Helene en 1835. Le soin et le souci de ses enfants remplissaient si bien toute son existence qu’elle refusa sans hesiter la proposition de l’Empereur Nicolas de les envoyer a Petersbourg pour les mettre dans les etablissements d’instruction de l’etat. La crainte de se voir enlever ses enfants l’inquietait tellement qu’elle en fit une maladie grave, dont elle ne se remit jamais bien, et a la suite de laquelle elle recut en 1844 l’autorisation de se fixer a Irkoutsk. En 1855, bien avant l’amnistie generale des Decabristes. sa fille lui fit avoir par l’imperatrice la peimission de venir se soigner 'a' Moscou. Quand son mari quitta la Siberie en 1855. a l’avenement d’Alexandre II, elle se fixa d’abord a Moscou avec lui, mais plus tard, apres deux hivers passes en 1859 et 1860 a l’etranger pour leur sante, elle se retira en Petite-Russie, chez son gendre N. Kotchubey, a Yoronki, ou elle mourut dans les bras de son fils et de sa fille le 10 aout 1863, et ou elle fut inhumee. La crypte de l’eglise elevee sur sa sepulture porte a sa voute l’inscription: „Rejouis-toi, infatigable bienfaitrice des enchaines et des reclus“. La princesse Wolkonsky fut immortalisee par Nekrassoff dans son poeme Femmes Russes. Elle a laisse elle-meme sur sa vie des Souvenirs en francais remplis d’interet, publies en 1904 par son fils. (D’apres un original appartenant a Mme M. Raewsky, St-Petersbourg.)