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Ill Le comte ALEXIS GRIGORIEWITCH ORLOFF-TCHESMENSKY, 1755—1807, naquit le 25 septembre 1755 (v. sa biographie T. I, № 192). „Taille en athlete et d’une force herculeenne“, il etait le seul Orloff qui fut „vraiment bien du peuple“ par ses gouts et meme ses passions, mais aussi le seul auquel les diplomates etrangers reconnussent toutes les qualites de l’homme d’etat, „calme parfait, nettete et largeur de vues, perseverance a la poursuite du but; seule une entiere confiance dans le succes peut lui faire entreprendre quelque chose de risque“; une telle circonspection pouvait sembler quelquefois de l’indecision, et Catherine II, le comparant avec ce risque-tout, cet ecervele de Gregoire, disait: „Celui-1'а est d’autre espece: il est toujours arrete par les obstacles“ Mais ses freres connaissaient mieux leur Alexis, et il jouissait pres d’eux d’une autorite considerable. Tout en faisant l’etonnement des contemporains par sa magnificence orientale, il etait au fond tres regardant, entendu a ses affaires et. fort aime de ses paysans et surtout de ses gens de maison. Mais, a Moscou, le luxe etait pour lui une necessite d’ambition: a la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe siecle, il y etait le premier grand seigneur; dans sa disgrace, il restait le premier de la societe de marque et l’homme le plus populaire dans le peuple, seduit par sa temerite. Il faisait d’ailleurs beaucoup de bien, ouvertement ou non: toujours pret a accorder sa protection, „il s’etait fait avant tout une regle d’etre bon, et non de le paraitre“, et effectivement, sa bonte etait moins un effet de son bon c?ur qu’un calcul de sa forte tete. Reserve et dissimule, „le comte etait maitre dans l’art de cacher ses sentiments“,· comme disait une intime, Mme M. Bakhmeteff... Catherine II le sentait, et, malgre toute sa finesse, ne reussissait pas toujours a masquer des traces a peine perceptibles de crainte et de defiance a l’egard de cette colossale figure d’un de ses plus proches collaborateurs... Aussi bien les services qu’il lui avait rendus etaient grands! Elle ne put jamais oublier ses bons offices tout particuliers des „24 et 26 juin“... Le 28 juin 1762, il la ramenait de Peterhof a Petersbourg; le 6 juillet, elle recevait de lui la nouvelle non attendue, mais certainement desiree au fond, de la mort de Pierre III: sa lettre, ou il prenait tout sur lui, se repentant et se reconnaissant „digne du dernier supplice“, justifiait Catherine devant la posterite, et la mettait a l’abri de tout reproche. Dans la nuit du 25 au 26 juin 1770, Orloff brulait la flotte turque dans le port de Tchesme. remportant une victoire „qui ne pouvait etre plus complete“, et qui lui fit pardonner beaucoup: la gloire qu’il y avait conquise assurait a son nom une place dans les annales de l’histoire, et Catherine en concevait toute la portee. En Italie, quelque temps apres, il se signalait, toujours pour elle, par un exploit qui ternit son bon renom, „l’enlevement“ de l’usurpatrice qui se disait fille de l’imperatrice Elisabeth. Encore sous le coup de l’equipee de Pougatcheff, Catherine tenait absolument a avoir cette femme entre les mains ; elle soupconnait l'a, non sans quelque raison, une machination des confederes polonais, et chargea Orloff de s’assurer de sa personne. Son empressement le conduisit cette fois trop loin: il se donna la peine de gagner la confiance de la malheureuse, de s’en faire aimer, d’obtenir ses faveurs, de se faire le pere de son enfant, et cela pour la livrer.., Comme Imperatrice, Catherine fut contente ; comme femme, il faut lui rendre justice, elle apprecia l’acte d’Orloff a sa juste valeur, et lui ecrivit froidement qu’elle etait „satisfaite de son zele et de son service assidu“. Ajoutons que le prince Radziwill, ce devergonde qui longtemps se traina partout apres la jeune femme, avait carrement refuse de la livrer, malgre la perspective de rentrer en possession de ses biens confisques... Tiennent ensuite pour Orloff les annees de retraite, d’eloignement, de disgrace presque: sous les deux regnes suivants, il ne joue plus aucun role; complice du meurtre du pere de l’Empereur, il traverse sous Paul Ier de rudes et dangereux moments. Le comte Orloff mourut a Moscou le 24 decembre 1807, et fut inhume au bourg d’Otrada, gouvernement de Moscou; en 1851, sur le desir de sa fille, sa depouille fut transferee au monastere St-Georges, a Novgorod, mais en 1896, elle fut ramenee a Otrada par les soins du comte A. Orloff-Davydoff. Le portrait ci-joint, extremement rare, on peut dire unique, represente le comte Orloff relativement jeune, en uniforme de lieutenant-colonel du regiment Preobragensky (le colonel etait l’imperatrice elle-meme), grade auquel il fut promu en 1767 (D’apres une miniature appartenant au Grand-Duc Nicolas Mikhailowitch.)