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110 La Religieuse DOSITHEE, 1746 —1810, personnalite enigmatique, completement inconnue; s’il faut en croire la tradition, en 1785 le monastere de femmes Ivanowsky, a Moscou, recut, en vertu d’un ordre secret de Catherine II, une novice encore jeune, qui y prit le voile et y fut tenue sous une etroite surveillance. La se borne ce qu’on peut vraiment en dire de positif. On sait pourtant aussi qu’elle occupait, au rez-de-chaussee d’un petit pavillon isole, trois cellules donnant sur la cour. Des batiments historiques du Yieux Monastere Ivanowsky, il ne reste plus trace aujourd’hui: l’ancien cloitre et l’eglise de la fin du XVIe siecle ont fait place a de splendides batiments neufs eleves aux frais de marchands et qui temoignent de notre indifference grossiere pour nos antiquites et de notre absence de gout artistique. Le professeur I. Sneguireff a cependant pu voir encore la cellule de Dosithee, causer avec le vieux religieux qui la servait et assister a son enterrement; aussi mettons-nous ici a contribution sa description du monastere Ivanowsky, d’autant plus que tous les renseignements posterieurs ont une allure de Yie des Saints, et. que le peu de donnees ayant quelque valeur historique, noyees dans l’emphase habituelle du genre, disparaissent sous les fleurs de rhetorique. L’existence calme et pieuse de Dosithee lui a fait, la tradition aidant, une aureole de saintete. Au temoignage de Sneguireff, la novice amenee au monastere „paraissait de haute extraction“- Personne ne la vit, que la superieure, son confesseur, le serviteur mort dans une profonde vieillesse, et aussi le marchand de Moscou Philippe Nikiforowitch Chepeleff, qui avait un magasin de the et de sucre dans la Yarvarka, et fournit egalement a Sneguireff quelques renseignements sur la religieuse mysterieuse. D’apres ces contemporains, elle „etait deja d’un certain age, de taille moyenne, mince et elegante; l’age et sa longue retraite lui avaient laisse des traces de son ancienne beaute; son genre et ses manieres revelaient la noblesse de son extraction et sa culture. Le vieux serviteur avait vu des personnes de qualite lui faire une courte visite avec l’autorisation de la superieure et lui parler dans une langue etrangere. Son entretien etait couvert par des fonds speciaux preleves sur le Tresor“. Elle avait une bonne table, recevait de temps en temps de grosses sommes, et les depensait en aumones ou pour les besoins de l’eglise, ou elle allait rarement et ou personne n’etait admis quand elle y etait; on ne laissait pas les curieux s’arreter pres de ses fenetres, toujours garnies de rideaux. Elle faisait aussi des travaux d’aiguille et de la lecture; ses dernieres annees „se passerent dans le silence“. Sous Alexandre Ier, elle fut gardee moins etroitement et „demeura oubliee“. Ses obseques furent celebrees par l’eveque de Dmitroff Augustin, en presence du comte I. Goudowitch en personne, le commandant en chef de Moscou, et d’autres seigneurs du temps de Catherine. Elle fut inhumee au monastere Novospassky, a droite du clocher; on lit sur la pierre brute qui recouvre sa sepulture: „Sous cette pierre repose en Dieu le corps de la religieuse Dosithee, du monastere Ivanowsky, decedee, apres 25 annees d’exploits en religion pour Jesus-Christ, le 4 fevrier 1810 a l’age de 64 ans. Seigneur, Recois-la dans Tes demeures eternelles!“ Il existe, a notre connaissance, deux portraits de Dosithee: l’un, fortement endommage, chez Th. Golovine, dans son domaine patrimonial de Novospasskoie-Dedenevo, fut donne par Dosithee elle-meme a une eleve du monastere Ivanowsky, la princesse Anne Gavrilowna Gagarine, plus tard Golovine, personne fort pieuse et qu’elle aimait beaucoup; l’autre, au monastere Novospassky, porte au revers l’indication: „Dosithee, dans le monde princesse Augusta Tarakanoff“. On en a conclu que Dosithee etait une fille qu’aurait eue l’imperatrice Elisabeth de son mariage secret avec A. Razoumowsky. Mais ni les documents ofliciels, ni la correspondance privee, ni les memoires et souvenirs de russes et d’etrangers, ni les rapports des diplomates ne renferment la moindre allusion a l’existence d’une princesse Augusta Tarakanoff! Le mieux est sans doute de croire avec Yassiltchikoff, l’auteur de l’histoire de la famille Razoumowsky, qu’Elisabeth Petrowna n’eut pas d’enfants du tout. Une tradition pretend que Dosithee aurait raconte a Mme Golovine avoir ete enlevee en Italie, puis amenee par mer en Russie..., mais tout cela est vague et confus.,. et Sneguireff n’en dit rien non plus. Sans risquer de conclusion, laissons au temps le soin de dechirer le voile, s’il plait a la destinee. (D’apres un original du monastere Novospassky, Moscou.)