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THEODORE PETROWITCH OUVAROFF, 1769—1824, general aide de camp favori d’Alexandre Ier, etait insignifiant comme instruction et comme intelligence, sans rien de saillant comme facultes ni de rigoureux comme principes, mais loyal et bon: il tenait a ne faire de tort a personne et possedait a merveille ,,l’art de se conduire a la Cour“. Tandis que les autres complices du 11 mars etaient eloignes de la Cour, il parvint a une situation elevee et conserva jusqu’a son dernier jour la faveur d’Alexandre Ier: une telle bienveillance pour un homme qui aurait du rappeler incessamment un cruel souvenir tient sans doute a ce que, si Ouvaroff trempa dans la conjuration, ce ne fut que par un devouement dont Alexandre lui sut gre. Yeritable enfant gate de la fortune, il dut moins son elevation a ses merites qu’a sa largeur d’epaules et a la solidite de ses muscles, comme dit A. Tourgueneff en faisant allusion a son intimite avec la princesse Lopoukhine, belle-mere de la favorite de Paul Ier. Homme de guerre insignifiant, il n’etait que bon officier de cavalerie, et fit la guerre sans jamais rien de marquant ni de personnel, mais sans etre non plus simple routinier ni general de parade: au plus fort de l’engouement pour la marche cadencee, il n’en fit jamais grand cas, autant qu’il etait en son pouvoir. Pour ses subordonnes, il n’avait que de l’humanite. Sociable et gai, il aimait recevoir. Avec une instruction des plus superficielles, il faisait volontiers etalage de science, et surtout de sa connaissance du francais. ,,Ouvaroff“, dit le prince Viazemsky, „infligeait quelquefois de rudes echecs aux Francais sur le champ de bataille, mais il en infligeait de plus rudes et de plus meurtriers a la langue francaise dans la conversation. H y allait de bon c?ur et ne ratait pas son coup. On connait sa reponse a Napoleon, qui lui demandait le nom du chef de la cavalerie russe a la brillante attaque de je ne sais quelle bataille: ,,Je, Sire!“ Le mot lui valut le surnom de General Je, et fut repandu dans la societe sous diverses versions. H etait un jour en conversation animee avec Miloradowitch, egalement connu pour son mauvais francais; Alexandre Ier demanda a Langeron de quoi ils parlaient: „Pardon, Sire“, repondit Langeron, „je ne les comprends pas: ils parlent francais!“
Ouvaroff n’eut pas un role politique marquant, mais, comme intime d’Alexandre Ier, il profita de sa situation et de la permission que lui avait donnee l’Empereur pour lui dire franchement ce qu’il pensait et ce que reclamaient les interets de la Russie, comme il les comprenait. Il se trouva mele a la lutte que soutinrent contre le prince A. Golitzyne, ministre de l’instruction publique et du culte, l’archimandrite Photius, le metropolite Seraphin et Araktcheeff, mal dispose en general pour Ouvaroff, qu’il traitait de mouchard et d’espion. Les ennemis de Golitzyne se servirent de son influence pour ouvrir les yeux de l’Empereur sur le danger que faisaient courir a l’eglise orthodoxe le prince Golitzyne et les mystiques.
(D’apres une miniature de Zatzepine, appartenant a Mme A. Gourieff, St-Petersbourg.)