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170 Mlle MARS (Anne-Francoise-Hippolyte Boutet), 1779 —1847, fille d’une celebrite du temps, l’acteur Monvel, et d’une autre celebrite, l’actrice Mars-Boutet, naquit le 9 fevrier 1779 et debuta a 14 ans au theatre Feydeau, puis, protegee par la premiere etoile de l’epoque, Mlle Contat, fut admise a la Comedie Francaise. Elle ne souleva pas au debut l’enthousiasme qui suivit; on lui reconnaissait de l’elegance, du naturel, une bonne intelligence de ses roles, mais son repertoire, surtout dans les ingenues, ne laissait aucun essor a son talent. Son premier grand succes fut le sourd-muet de L’Abbe de l’Epee, en 1803. Tout en conservant ses anciens roles, elle remplaca en 1812 sa protectrice Mlle Contat, qui quittait la scene, et put alors faire valoir la variete de son talent. Les coquettes marquises de Marivaux n’eurent jamais de meilleures interpretes qu’elle, et en meme temps, elle etait sans egale dans la grande comedie, Tartuffe et Les Femmes savantes. Ce fut cette souplesse qui lui assura un succes ininterrompu. Le drame romantique mit encore en lumiere une nouvelle face de son talent; elle fut parfaite comme duchesse de Guise dans Henri III et sa Cour, et comme dona Sol d’Hernani. Casimir Delavigne lui dut le succes de ses pieces, et la comedie bourgeoise de Scribe meme lui valut de nouveaux triomphes. Elle avait 62 ans quand elle quitta la scene, mais remplit jusqu’au bout les jeunes roles avec une perfection qui faisait completement illusion sur l’age: elle avait conserve sa taille fine, sa voix sonore, sa remarquable diction, et n’eut jamais de si belles toilettes que dans les derniers temps. Elle fut la premiere a jouer Moliere en costume de l’epoque et a substituer a la monotone declamation et au pathos boursoufle, alors traditionnels, un debit plus simple et plus naturel. Elle fit ses adieux au public parisien en 1841, dans Celimene du Misanthrope et la marquise des Fausses confidences. Mlle Mars menait grand train. Elle eut jusque sur ses vieux jours de nombreux adorateurs, et devora bien des grosses fortunes. Il y eut aussi des victimes parmi nos compatriotes; citons le splendide et magnifique prince Alexandre Kourakine et le prince S Gagarine. Napoleon lui-meme l’apprecia non seulement comme artiste, mais comme femme; aussi etait-elle enragee bonapartiste, ce qui lui causa des ennuis a la Restauration. Les gardes du corps de Louis XYIII ayant un jour complote de la siffler: „Qu’est-ce que les gardes du corps ont de commun avec Mars?“ dit-elle. Sa toilette parsemee d’abeilles et de violettes provoqua du tumulte: on voulut la faire crier: „Vive le Roi!“ Elle se defendit longtemps, puis finit par dire: „Vous me demandez de crier: „Vive le Roi!“ Eh bien, je l’ai dit!“ Pourtant elle ne tarda pas a se mettre bien avec Louis XVIII, qui, sans rancune, lui fit une pension de 50.000 livres, comme a Talma. Elle avait un riche hotel et de superbes bijoux, qu'on tenta deux fois de lui voler et qu’elle se decida a vendre. Prise sur ses vieux jours de la passion du jeu, elle fit des pertes considerables a la Bourse, mais n’en laissa pas moins pres d’un million. Elle fit par testament remise a ses derniers adorateurs de grosses sommes qu’elle leur avait pretees. Elle mourut le 20 mars 1847. La princesse V. Gagarine, a St-Petersbourg, possede une splendide miniature de Mlle Mars, par Guerin, ayant appartenu au prince S. Gagarine. (D’apres une miniature appartenant au prince Th. Kourakine, Moscou.)