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168 La baronne JULIE KRUDENER, 1764—1824, fille du baron Vietinghof, naquit en Livonie le 21 novembre 1764 (v. T. I, № 172). Apres avoir recu l’education mondaine courante, elle epousa a 18 ans le baron Rrudener, diplomate d’un certain age. qui fut ministre de Russie a Venise, Copenhague et Berlin, et dont elle etait la troisieme femme. Frivole, avide de plaisirs, ne trouvant pas le bonheur avec ce mari qui n’etait plus jeune, elle se lanca dans le tourbillon du monde et eut de nombreux adorateurs, attires par sa beaute et l’originalite de son esprit. Elle portait cependant des sa tendre jeunesse le germe des sentiments qui se developperent en elle plus tard: songeant tout a coup, au milieu des plaisirs, qu’il y a des hommes qui souffrent tandis qu’elle s’amuse, elle fait de la charite, et son penchant au mysticisme commence a se donner carriere. En 1789, elle quitte son mari pour aller a Paris; elle y tombe a 25 ans dans un milieu ou il etait do bon ton d’afficher de mauvaises m?urs, et suit l’exemple general. Elle se lie d’abord avec l’academicien Suard, plus age encore que son mari, puis avec le comte de Fregeville, officier de hussards, qui, au c?ur de la Revolution, la ramene a son mari. Apres quelques annees de vie conjugale, nouvelle fugue en 1801, un an seulement avant d’etre veuve, et nouveau sejour en France. Elle vit alors dans son salon a Paris la fleur des lettres et du monde, et se mit elle-meme a ecrire. Son roman autobiographique Valerie eut un succes auquel elle ne fut pas etrangere: elle ne craignit pas de declarer a ses amis que, „pour avoir du succes pres du public stupide, il faut absolument du charlatanisme“- Une derniere et malheureuse passion pour le chanteur Garat et des ennuis de toute nature, l’approche de la vieillesse, l’influence de la doctrine de Jung Stilling et des Herrnhoutes amenerent un changement dans son genre de vie et ses penchants. La frivole mondaine fit place a l’austere pretresse d’une nouvelle doctrine religieuse. Au debut, la vanite fit presque tout: il lui fallait toujours une aureole, de celebrite ou de saintete, peu importe. Peu a peu cependant, entrainee par son nouveau role, elle se crut l’instrument destine par Dieu a ramener les brebis egarees. Saisie d’une sorte de folie religieuse, elle ne pouvait faire un pas sans y voir une suggestion d’en haut. Elle professait une doctrine analogue a celle des Methodistes et voisine de l’esprit du socialisme chretien, celle de la regeneration par la grace divine et de la vie par la charite et la fraternite. Elle eut du succes: les hautes classes s’interesserent au spectacle nouveau d’une pretresse dame du monde allant de ville en ville, de village en village, bravant les privations pour la propagande de sa doctrine; mais l'a le succes ne lut qu’une affaire de mode. Autrement profonde fut son influence sur les classes pauvres, ou ses discours contre les riches, ses idees d’egalite, sa charite chretienne firent sensation: elle distribuait aux necessiteux tout ce qu’elle avait. Un tel succes alarma les gouvernements, et elle fut successivement expulsee de plusieurs etats. Ses propheties aussi firent impression: elle predit, par exemple, le retour de Napoleon de l’ile d’Elbe. La demoiselle d’honneur Stourdza la mit aussi en rapports, indirects d’abord, avec Alexandre Ier, auquel elle fut presentee au bon moment: l’Empereur, en marche pour rejoindre l’armee apres le retour de Napoleon, s’etait arrete a Heilbronn et etait par hasard occupe d’elle, quand elle se fit annoncer. Les idees qu’elle propageait etaient bien en harmonie avec les tendances mystiques d’Alexandre. Elle le suivit a Paris, ou ils eurent des entretiens quotidiens. Quelques-uns attribuent meme a Mme Rrudener un role preponderant dans l’idee de la Sainte Alliance. Quoi qu’il en soit, l’influence qu’elle eut reellement sur l’Empereur fut de courte duree. Elle fut meme longtemps sans avoir l’autorisation de venir a Petersbourg, d’ou elle se fit bientot expulser pour ses menees politiques au moment du soulevement de la Grece. En 1824, elle s’etablit en Crimee, mais y mourut le 25 decembre de la meme annee a Kara-Sou-Bazar. Elle fut inhumee a Koreiz pres Yalta. Elle laissait un fils, Paul, et une fille, Julie, mariee au baron Berckheim. (D’apres une miniature de la collection du Grand-Duc Nicolas Mikhailo witch.)