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11 ANTOEVE, patriarche de Ge'orgie, 1760 —1827, quatrifeme fils dn Roi de Georgie Heracles II et de sa troisicme femme la princesse Daria Dadian de Mingrelie, se fit moine tout jeune encore et devint archidiacre. Entrc autres faveurs dont „l'auguste Souveraine de Russie" combla la maison des Bagratides quand le Roi Heracles eut reconnu, en 1785, le protectorat russe, le tzarewitch Antoine fut invite a venir a Pe'tersbourg pour у etre institue archeveque. Le Roi envoya done en Russie ses deux fils, Antoine et Mirian, en leur recommandant ,,de s'appliquer par leur fiddlitd et leur docilite a se concilier la maternelle bienveillance" de Catherine. Bientot successivement moine-pretre, puis archimandrite, Antoine fut, le Ier juin 1786, intronise a l'e'glise du Palais de Tzarskoie Selo e'veque de Tzinotzminde par le mdtropolite Gabriel, et nomme au mois de novembre suivant mdtropolite d'Alaverde. Apres avoir passe deux ans en Russie, la plupart du temps a Kieff, ,,'a etudier le russe et d'autres sciences utiles", il retourna en Georgie en 1788, et fut fait i'anne'e suivante archeveque de Mtzkhet et catholicos de Kartalinie et de Kakhetie, dignite equiyaleute pour les Georgiens "a celle de patriarche. En 1795, a la mort du catholicos d'lmdrdtie, il re'unit sous son pouvoir les eglises de Georgie, d'lme'retie, de Mingrelie et de Gourie. II fut temoin du sac de Tiilis par les hordes d'Hadji-Mehemet-Schah, de la mort de son vieux pere et de la decadence complete qui aboutit en 1800 a la reunion de la Georgie a la Russie. L'annexion fut cdle'bre'e a Tiflis le 16 fevrier 1801 par un service solennel a la cathedrale de Sion, oil il oflicia lui-meme, et par une sonnerie de cloches qui dura toute la journe'e, mais, comme sa mere, qui etait a la tete du parti se'paratiste, ,,il ne pouvait dissimuler son me'eon-tentement, visible meme sur son visage" pendant la ceremonic. Loin d'etre amend a rdsipiscence par I'ordre de St-Alexandre Jicwsky et par le froc blanc a croix en diamants avec les Sdraphins, qui lui e'taient confe'res par l'Empereur, il ne fit que feindre la soumission a la Russie, ne sut pas, „une fois sujet, renoncer a jouer les rois", et ,,ne fut pas le dernier acteur" des menees de la tzarine Daria. Naturellement, il ne pouvait elre question avec lui d'une reconnaissance de l'autorite du Saint Synode sur l'eglise gdorgienne. Mais il fut prepare en haut lieu un projet d'exarchat, et Antoine, dont la presence en Georgie etait inutile et meme nuisible, fut rappele a Petersbourg, puis, le 11 juin 1811, mis a la retraite avec I'ordre de St-Andre et dix mille roubles de pension. Afflige „d'un embonpoint demesure", il „n'etait pourtant pas homme a prendre son parti de la perte du pouvoir", et soulfrit de cette situation d'exile. Apres avoir porte les titres pompeux de Bienheureux et de Sdrdnissime, il se voyait traite sans trop d'egards, avec defiance meme, par les autorites russes, mecontentes aussi „de son faste et de sa morgue tout asiatiques". De son cote, d'ailleurs, il manquait de tact: par exemple, il faisait fierement son entree a Moscou dans un equipage dord a sept glaccs, et, quelques jours plus tard, ne craignait pas de declarer a Valouieff, le directeur du Kremlin, que „son traitement ne lui donnait pas de quoi acheter du bois", II resida d'abord a Moscou, puis a Tamboil et a Petersbourg, et en 1822 alia se lixer a Nijni-JJovgorod sous la sauvegarde d'un parent, proprietaire du bourg de Lyskoff, le prince Grouzinsky, Le vieux patriarche demandait a retourner en Ge'orgie, mais Ermoloff s'y opposa: „fils du Roi Heracles encore honore par le peuple" et „victime de la persecution" au point de vue gdorgien, il pouvait devenir un centre d'intrigues pour tous ceux qui „avaient eu jadis leur part de son despotisme et de son ddreglement". En consequence, i] lui fut re'pondu „qu'il ne serait pas convenable qu'aprfes avoir occupe en Georgie une situation aussi considerable, il vint у resider sans fonction", et Antoine mourut sans avoir revu son pays, le 21 ddcembre 1827, a Nijni-Novgorod. II у fnt inhume' dans la cathedrale de la Transfiguration, sous l'autel. (D'apres l'original de Borovikowsky, 1811, Galerie Tretiakoff, Moscou.)