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47 PIERRE ANDREEWITCH RIKINE, 1775 —1854, naquit le 27 decembre 1775 a Alatyr, gouvernement de Simbirsk, et recut au bapteme le nom de Barthelemy, qu'il changea plus tard en celui de Pierre. Un des donze enfants du second major Andre Ivanowitch Kikine (1747 — 1790) et de Marie Feodorowna, nee Ermoloff, il fit ses etudes a Moscou, d'abord dans une pension privee, puis a celle de l'universite, et enfin a l'universite, a sa sortie de laquelle il prit du service au regiment Semenowsky, ou il avait ete enrole tout enfant. En 1802, l'Empereur Alexandre Ier le fit aide de camp de Sa Majeste: il fut attache aux generaux Michelson, Meyendorf, prince Prozorowsky et a la personne de l'Empereur. Les contemporains le representent comme bel esprit, gallomane et fashionable. Pourtant la connaissance qu'il fit de Chichkoff et de son cercle opera bientot en lui un changement radical; la dissertation de l'ecrivain Sur l'ancien et le nouveau style produisit sur lui une telle impression, qu'il inscrivit sur le livre: „Mon Evangile", entra a la „Conference des Amis de la parole russe" et devint bientot un des slavophiles les plus ardents et les plus resolus. Lors de la Guerre Patriotique, il fut d'abord officier d'etat-major de service au grand Etat-major, puis general de service des deux armees, et prit part aux combats livres sous Smolensk, ou il fut blesse a l'?il a Krasnoie. Il lit ensuite la campagne de 1814, puis, au retour de Paris, prit sa retraite apres avoir ete promu general de brigade. Il consigna ses sentiments patriotiques dans une lettre a Chichkoff. ou il donna le premier l'idee de l'erection en memoire de la Guerre Patriotique d'une eglise du St-Sauveur a Moscou. Rentre au service en janvier 1816 sur l'invitation de l'Empereur, il fut nomme secretaire d'etat au bureau des requetes et membre de la commission des requetes; il permutait en meme temps conseiller d'etat actuel. Il avait alors a sa chancellerie D. Sverbeeff, qui laissa sur son chef et protecteur d'abondants souvenirs: „La jurisprudence russe", y est-il dit par exemple, „toute notre procedure, toutes les ecritures qu'elle comporte, ce qu'on appelle expedition, tout cela lui faisait l'effet de mysteres d'Eleusis inaccessibles aux profanes. Plus une piece etait obscure et embrouillee, plus elle lui paraissait bien faite"... Les contemporains representent d'ailleurs Kikine comme un honnete, noble et loyal serviteur de son Souverain, cachant de plus sous des formes grossieres et pou captivantes un excellent c?ur, auquel „il avait soin", dit-il lui-meme dans une lettre, „de subordonner toujours sa tete et de rapporter exclusivement tout le bien de la vie". Ses actes comme ses jugements attestent un culte resolu, convaincu et opiniatre de la justice. De son ?uvre sociale retenons ce qui suit: il fonda en 1820 avec le prince I. Gagarine et I. Mamonoff la Societe d'Encouragement des Artistes, ou il deploya beaucoup de zele et d'energie comme tresorier et mecene (on sait par exemple comme il protegea les freres Brulloff); il fut aussi president d'une des sections de la Societe Economique Libre et membre de la Societe Imperiale d'Agriculture de Moscou. Comme chef d'exploitation rurale, il a laisse des articles et des experiences sur un procede special de tannage, et propagea le procede de fauchage innove par Mouravieff pour les grains en remplacant la faucille par la faux a galerie. La culture fut sa grande occupation a partir de sa mise a la retraite comme senateur en 1826: il se retira alors dans sa propriete du district de Riajsk, ou il fit beaucoup pour l'amelioration du sort de ses paysans. Il mourut le 18 mai 1854, et fut inhume au cimetiere de Tikhvine, au monastere d'Alexandre Newsky. Kikine avait epouse Marie Ardalionowna Torsoukoff. dont il eut deux filles: l'une mourut enfant on 1818, et c'est a l'occasion de cette mort que fut publie l'ouvrage de Stanewitch Entretien au tombeau d'un enfant sur l'immortalite de l'ame, dont on connait en litterature la singuliere fortune; l'autre, Marie (1816 —1854), epousa le prince D. Wolkonsky. (D'apres l'original de Ch. Brulloff, Galerie Tretiakoff. Moscou.)