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14 La comtesse PRASCOVIE IYANOWNA CHEREMETEFF, 1768—1803, fille d'un serf des princes Tcher-kassky, Ivan Kovalewsky, naquit le 20 juillet 1768, Elle fut, enfant, retiree de la maison paternelle par une parente du comte Pierre Borissowitch Cheremeteff, qui vivait chez lui, la princesse Marthe Mikhailowna Dolgorouky, et elevee a l'ecole du comte, a Rouskovo. Comme toutes les autres eleves de cette ecole, des-tinees a paraitre sur le theatre des Cheremeteff, eile recut une excellente education et apprit les langues francaise et italienne. Douee de grandes capacites pour la musique et d'une helle voix, elle debuta avec succes a Itouskovo, sous le nom de „Gemtchougova"- Son amour pour la musique et ses occupations avec le fils du comte, Nicolas Petrowitch (ne en 1751, -j- en 1809), la rapprocherent au commencement des annees 80 de son mari; aussi, quand elle devint comtesse, en 1801, ce dernier put dire, en parlant des relations qui existaient deja entre eux: ,,Nous nous sommes habitues l'un a l'autre depuis vingt ans". Les noces eurent lieu le 8 novembre 1801 a Moscou, dans l'eglise de Simeon Stolpnik sur la Povarskai'a, en presence de peu de temoins. Le mariage ne fut declare qu'en 1805, apres la naissance d'un fils, Dmitri. Cette union, reconnue et approuvee par les Empereurs Paul et Alexandre Ier, fut non seulement une surprise pour le monde, etonne qu'un digni-taire eiit epouse ,,une de ses esclaves", comme le disait la comtesse Lieven, mais encore un desappointement pour quelques membres de la famille, qui comptaient sur son heritage. C'est grace seulement a ce mariage que la colossale fortune des Che're'meteff ne vint pas augmenter celle du comte Razoumowsky. Cependant, comme on le voit dans la biographie du comte Pierre, trouvee dans les archives de famille, ,,le seul motif qu'avait le comte de l'elever au comble du bonheur terrestre" etait ,,1'invariable constance avec laquelle cette epouse fidfele, entierement devouee, n'avait sans cesse qu'une volonte, qu'un plaisir et qu'un attachement passionne a son mari", Apres la noce, le comte Cheremeteff et sa femme, qui jusqu'alors n'avaient guere ve'cu que dans- les domaines de RouskoYO et d'Ostankino, pres de Moscou, se fixerent a St-Petersbourg dans leur maison, sur la Fontanka. Bientot apres la comtesse Prascovie Ivanowna mourut d'une grave maladie, trois semaines apres la naissance d'un fils, le 25 fevrier 1805. Elle fut enterree dans l'eglise de Lazare, a la laure d'Alexandre Newsky, dans le caveau des comtes Cheremeteff. La douleur de l'inconsolable mari, qui ne lui survecut que six ans, et le souvenir emu qu'il en a garde et qui se remarque dans toutes les dispositions prises apres sa mort, temoignent du tendre attachement qui l'unissait a l'elue de son cceur. La comtesse Cheremeteff ne se distinguait pas par une beaute speciale; eUe etait d'une constitution faible et maladive, et, un jour, relevant d'une grave maladie, elle se choisit comme devise et fit graver sur son sceau le texte suivant: ,,Le Seigneur, m'ayant envoye des epreuves, ne m'a pas puni de mort". La bonte et la modestie etaient les traits caracte-ristiques de cette femme russe, intelligente et profondement croyante. L'image sereine et enchanteresse de la comtesse-paysanne lui a survecu, mais, pendant toute sa vie, sa grande bienfaisance etait connue de tous ,,les orphelins et les delaisses": „Jamais son or ne restait cache, elle tendait toujours une main genereuse a la pauvrete et a la misere, et son trcsor, quoiqu'il eut tous les moyens de se remplir, restait vide: tout etait distribue, tout allait au secours de l'humanite". Le comte Cheremeteff, donnant suite a sa derniere volonte, construisit a Moscou un hospice avec un hopital et у placa un fonds pour doter les filles pauvres. Le nom de la comtesse est entoure d'une legende poetique, qui a passe dans un chant russe, celebrant sa rencontre fortuite avec un seigneur, son futur epoux, „tard le soir, sur la pelouse verte". Alexandre Duval lui a dedie son livre (Paris, 1804), „A l'ombre de Prascovia, comtesse de Cheremeteff, elegie", avec une gravure, composee par Isabey, representant un mausolee, d'oii s'echappe une source, e'tanchant la soif des pauvres et des malades et avec cette inscription: „Ainsi l'humanite qu'elle a toujours servie Trouve a son tombeau meme une Source de Tie". (D'apres l'original d'Angelique Kauffmann, appartenant au comte A. Chere'me'teff, Ostankino, gouv. de Moscou.)