
* Данный текст распознан в автоматическом режиме, поэтому может содержать ошибки
10 La comtesse CATHERINE YASSILIEWNA SKAYRONSKY, І761 — 1829, la plus belle des cinq sceurs Engelhardt et la niece preferee de Potemkine, jouissait de la faveur particulifere de l'Imperatrice Catherine, qui etait au fait de sa longue liaison avec le serenissime. L'homme qui ferma les yeux sur le passe d'uue ravissante fiancee pour profiter de la puissante protection des grands de ce monde fut le jeune, maladif et insi-gnifiant comte Paul Martynowitch Skavronsky (17 57—25 novembre 1795), neveu de l'Imperatrice Elisabeth. Descendant en ligne directe d'un paysan de Livonie tire par Catherine Iго des marccages baltiques, ne et eleve en Italic, il ne connaissait pas la Russie ni sa langue, mais avait en Italie le renom d'un Мёсёпе et se consi-derait lui-meme comme conuaisseur se'rieux en fait d'art ancien et moderne, de vins du Midi et surtout de musique. „C'etait". dit Wiegel, ,,un grand excentrique: aucun pays no lui plaisait que l'Italie; il preferait a tout la musique, composait lui-meme je ne sais quel galimatias et donnait des concerts".., Avant lui comme apres, le monde ne vit sans doute jamais melomane aussi passionne et frenetique, et en meme temps aussi denue de facultes musicales. Sa melomanie faisait 1'efCet de quelque extravagance de grand seigneur et com-portait une bonne part d'absurdite, de comique et de bouffonnerie. Amateur fou de musique italienne. il s'en considerait non seulement comme connaisseur, mais comme compositeur, tout en n'ayant ni talent пі goiit. Ce n'etait qu'k sa fortune qu'il devait de trouver des chanteurs et des musiciens pour cxccuter ses compositions, et des invites pour les dcouter patiemment et dire du bien de la musique de sa facon en echange de ses bons diners et de ses generosites. Les domestiques eux-memes etaient styles a ne jamais annoncer qu'en recitatifs; lui, donnait egalement ses ordres en musique, et ses visiteurs, pour lui complaire, lui faisaient leur conversation sous forme d'improvisations vocales. Lorsque, au commencement de 1780, il vint a Petersbourg, Potemkine trouva en lui le fiance qu'il fallait pour Ratenka, avec laquelle il comptait ne pas rompre... Le prince Dolgorouky, parent de Skavronsky par sa mere, dit dans son Sanctuaire de mon cceur: ,,U tomba amoureux et le bon oncle benit l'henreux mariage", et aussi: ,,?? le flattait a la Cour pour l'amour de Potemkine", Le mariage fut celebre le 18 novembre 1781, puis le mari partit pour Naples et la femme resta jusqu'a la fin des annees 80 a Petersbourg oil, selon le prince P. Tzitzianoff, amoureux d'elle, „eile etait assez portee.a la coquetterie". Nature indolente, froide, apathique, eile fut gatee par l'adoration generale: „Incarnation vivante de l'Amour", dit Segur, „eile tournait toutes les tetes". La comtesse Skavronsky etait a Naples en 17 90, lors du sejour de la celebre Mme Vigee-Lebrun, et le mari, „fort amoureux", demanda un portrait de sa femme a l'artiste en vogue, dont on possede, par cette occasion, le temoignage sur „cette belle nonchalante": „La comtesse etait douce et jolie comme un ange. Son bonheur etait de vivre etendue sur un canape' enveloppee d'une grande pelisse noire et sans corset. Elle m'a conte que, pour s'endormir, elle avait une esclave sous son lit, qui lui racontait tous les soirs la meme histoire. Elle n'avait aucune instruction et sa conversation etait des plus nulles: en depit de tout cela, grace a sa ravissante figure et a une douceur angelique, elle avait un charme invincible". Le portrait сі-joint, par Yigee-Lebrun, un pastel, est de 1790: „L'ambassadrice est peinte presque en pied, tenant en main et regardant un medaillon sur lequel etait le portrait de son mari". La meme artiste a fait deux autres portraits, en buste, de la comtesse; l'un figure au Tome I des Portraits Russes, l'autre nous est inconnu. (D'apres un original appartenant au Grand-Due Nicolas Mikhai'lowitch.)